7/10Les derniers jours du monde

/ Critique - écrit par Guillaume, le 19/08/2009
Notre verdict : 7/10 - Labo Larrieu (Fiche technique)

Les frères Larrieu présentent la fin du monde sous l'angle de vue de Robinson, naufragé au coeur d'une tourmente qui l'intéresse peu, mais le fait voyager.

Quand le cinéma français s'empare de la fin du monde, on est déconfit. L'idée qu'avec des budgets relativement faibles on parvienne à faire mieux, ou tout au moins aussi bien que les effets spéciaux des gros blockbusters américains n'effleure personne. Comment le ratage va-t-il s'orchestrer ? Comment le ridicule va-t-il tuer la fin du monde ?

(c) 2009 WBD
(c) 2009 WBD
Finalement, c'est un faux procès qui se déroule là. Les frères Larrieu, s'ils prennent comme contexte la fin du monde, la traitent davantage du point de vue des phénomènes et des implications que d'un oeil spectaculaire. Ce qu'on verra de plus effroyable ne sera pas la poudre de plâtre qui tombe du plafond pour simuler un tremblement de terre, ce sera plutôt l'omniprésence des cadavres frais que l'on découvre en tous lieux. La maladie (?) touchant chacun, n'importe où, n'importe comment.

Amalric se balade d'un bout à l'autre de la France à la recherche de cette femme dont il s'est épris en quelques jours. Une androgyne au métier (?) scabreux qui ne contrôle pas sa destinée, mais qui dispose d'un magnétisme insoupçonné.
La recherche de la femme aimée comme obsession, comme dernier rempart à la fin de l'humanité. Voilà un peu de bon sens, face à tous ces autres individus sombrant dans la déprime ou la folie.
Mais la fin du monde, c'est aussi l'acceptation du renoncement, la fin des limites, des barrières, des tabous. Naturellement les corps s'effeuillent et perdent leur ramage pour du sexe sans lendemain. De Sergi Lopez à Karin Viard en passant par
Mathieu Amalric, Omahyra Mota ou Clotilde Hesme, tous se dévoilent à la caméra dans leur plus simple appareil. Certains que l'on croyait plus prudes nous surprennent en se donnant un rôle de composition encore inconnu jusque là.

Le personnage d'Amalric, Robinson Laborde, passe complètement à côté de cet événement unique de fin du monde. Occupé comme il est à chercher le lapin blanc, il ne s'arrête que pour jouir ou chercher. Jamais pour se lamenter ou se questionner.

C'est fascinant de voir ces derniers jours du monde se dérouler sans possibilité de rédemption, d'appel à Bruce Willis pour sauver la face. C'est surprenant de voir ces êtres se mettre à nu sans pudeur, conscients que l'urgence de la situation n'empêche pas de profiter des derniers jours.