Cypher
Cinéma / Critique - écrit par Djak, le 28/03/2003 (Tags : cypher anglais film archive chiffre france information
Enfin...
Enfin...
Morgan Sullivan est un Américain moyen vivant une vie banale où la routine est définition de la vie. En fait, la vie de Morgan ressemble quasiment aux clichés des publicités : comptable dans une banlieue avec un chien et une femme qui ne le regarde même plus. Mais voilà, Morgan, lui, il rêve d'aventures, de voiliers et d'une belle fille.
Ainsi, décidé à changer de vie, Morgan Sullivan s'engage dans une étrange société spécialisée dans l'espionnage industriel. Il doit donc s'infiltrer chez la concurrence sous une fausse identité et récolter des informations stratégiques. Pourtant, Morgan, où plutôt devrais-je dire Jack, enfin satisfait de sa vie a quand même des soucis. En effet, pourquoi a-t-il toujours mal à la nuque ? Quelles sont toutes ces visions et flashs qui l'empêchent de dormir ? Morgan / Jack aura-t-il une réponse quand il retrouvera enfin Rita, une belle et mystérieuse jeune femme, lui annonçant qu'il est victime d'une machination ayant pour but de lui laver son cerveau ?
Morgan comprend alors qu'il se retrouve piégé au coeur d'un engrenage bien compliqué...
Enfin...
A la vue de ce résumé, on comprend tout de suite que le film repose sur le scénario. Et oui, chose rare, et donc encore plus appréciable, l'intrigue tient ses promesses jusqu'à la fin complètement inattendue. En fait, tout au long du film, on va de rebondissements en rebondissements. Un lien simple se crée alors entre le spectateur et le film. Ainsi, à chaque fois que l'on croit avoir compris l'intrigue et le complot, le réalisateur pousse encore plus loin les limites et nous laisse alors heureux d'avoir été dupés. Alors on se remet à réfléchir avec les nouvelles clés dont on dispose pour essayer de trouver le dénouement. Puis le cercle continue... et le film monte en puissance.
En outre, Cypher est aussi impressionnant par sa réalisation. Le scénario n'est donc pas le seul point fort du film. Dès le début, on comprend que l'on ne va pas avoir une banale production américaine sans identité. On se retrouve plongé dans le monde de Morgan, son pays qu'il voit sombre et où il se sent seul, où il n'a pas sa place. Les gens qu'il rencontre ne sont presque que des ombres, des silhouettes. Ils sont déformés et décolorisés. Sans chaleur et humanité. Ainsi dans le premier quart d'heure on peut particulièrement apprécier les jeux de lumière et l'utilisation du clair/obscur. Puis, tout au long du film cette touche personnelle qui donne une identité au film se retrouve. On a parfois l'impression que le film est en noir et blanc.
La réussite de Cypher, c'est aussi ses acteurs. Le personnage principal : Jeremy Northam joue à merveille son rôle. On voit avec fascination évoluer son personnage de gros débile à manichéen. Il arrive aisément à nous retranscrire une situation sans parler, rien que par son regard ou son attitude. Bref, il est bluffant. Quand à Lucy Liu, elle maîtrisait déjà avant ce film le rôle d'une personne belle mais d'une froideur fatale.
Enfin...
Pour finir, je tiens à féliciter Vincenzo Natali pour avoir su donner vie à ce monde dans lequel le film évolue, un monde si proche du nôtre mais pourtant infimement différent. C'est cette légère subtilité qui lui donne alors tout son attrait, son charme et son identité propre. Une sorte de monde parallèle proche, plus noir, à la fois futuriste mais vieux avec un certain côté kitsch mis en avant grâce aux effets spéciaux.
Enfin un bon film au cinéma. Cela faisait longtemps.
Merci Mr Vincenzo. Encore un coup de maître après Cube.