6.5/10Critique du film Detachment de Tony Kaye

/ Critique - écrit par Noub, le 19/03/2012
Notre verdict : 6.5/10 - Le spleen de Broody (Fiche technique)

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Henry Barthes est un professeur de littérature qui va de lycée en lycée, au gré des postes qui lui sont proposés. Il atterrit dans un énième établissement tout aussi à la dérive que lui, et se paye comme à l’accoutumée, le lot d’insultes, de provocations et d’indifférence qui font son quotidien d’enseignant remplaçant. Cette fois pourtant, les choses vont tourner autrement pour lui et ses étudiants, faisant basculer cette humanité souffrante, d’une tristesse banale à un tragique bien cruel.

Critique du film Detachment de Tony Kaye
Adrian Droody et la chute de la Maison Usher.

Un film qui porte bien (mal) son nom

Impossible de rester détaché face au dernier film de Tony Kaye. Le jeu de mot est facile, certes, et ce n’est pas toujours à l’avantage d’un film qui, sur le plan formel, laisse souvent le spectateur perplexe. Les flashbacks de l’enfance d’Henry couleur sépia ; les ralentis et les accélérations injustifiées ; la succession de plans en noir et blanc, puis en couleur, puis en qualité vidéo ; la musique qui se surimpose à un contenu déjà émotionnellement saturé ; les petites scènes d’animation écolière qui parasitent la mise en scène... Pendant le film, on se surprend souvent à se demander ce qui justifie une telle surcharge d’effets, et à regretter qu’une histoire déjà difficile, n’ait pas été traitée avec beaucoup plus de simplicité.

Critique du film Detachment de Tony Kaye
DR.

Il reste que Detachment vaut le détour. Le jeu des acteurs y est pour beaucoup : Adrian Broody tourmenté par le spleen d’une trop grande implication, la proviseur vacillante derrière une façade inébranlable (Marcia Gay Harden), le professeur délirant sous amphétamines (James Caan). Une galerie d’enseignants menant chacun à sa façon un combat de Sisyphe ; des élèves déjà vieux, brûlant la bougie par les deux bouts ou bien embourbés dans l’épaisseur d’un mal-être dont ils n’arrivent pas à se sortir. Si le naufrage guette, de brusques illuminations révèlent un enseignant sur le vif, qui agrippe in extremis des jeunes pourtant résolus à la dégringolade. Certains pourront légitimement reprocher au film sa naïveté ou son pessimisme. D’autres retiendront une juste illustration des subtiles confusions de la relation d’autorité, des grandeurs et des tourments qu’elle implique pour ceux qui y sont engagés. Entre enseignants et étudiants, pas de détachement possible donc, et c’est pour le pire comme pour le meilleur. Et on pourra en dire autant de l’état d’esprit du spectateur au sortir de Detachment.

Critique du film Detachment de Tony Kaye
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