Crazy Kung-Fu
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 08/06/2005 (Tags : kung film chow crazy stephen films sing
Fort d'un retentissant succès dans le monde du cinéma avec son Shaolin Soccer, qui connaîtra bientôt les (dés)honneurs d'une suite, Stephen Chow récidive dans le cocktail phénoménal de kung-fu de haut niveau, déjà très impressionnant, et d'effets numériques à la pointe du progrès. Kung Fu Hustle est en soi le condensé de ce que l'on pourrait se permettre, et de tous les délires que l'on pourrait imaginer en combinant ces deux variables, véritable apogée dans le film de combat fantaisiste chinois gavé de câbles (simulant une apesanteur plus ou moins crédible) et de retouches par ordinateur.
Sing (Stephen Chow) est sûr d'une chose : le bien ne paie pas. Aussi a-t-il décidé de faire le mal. En cherchant à escroquer maladroitement un petit coiffeur d'un pauvre quartier, il attire le gang des Haches, ses modèles, qui décide de prendre le contrôle de la petite population. Malmenés par trois grands maîtres en arts martiaux, jusqu'ici dissimulés au sein de la communauté, les sbires du gang fuient la queue entre les jambes en fomentant de vils plans de vengeance. C'est dans cet état d'esprit qu'ils engagent deux assassins professionnels, des joueurs de harpistes, pour s'occuper des trois grands maîtres.
Stephen Chow, pourtant rôle principal et malgré son potentiel démonstratif, décidera de ne castagner que dans les dernières minutes du film. Entre temps, d'authentiques sommités en arts martiaux feront étalage de leur art dans de gigantesques combats mêlant poussière, sueur, armes blanches (ou non), et surtout effets numériques. Et pas qu'un petit peu : les sbires tabassés volent dans les airs, les protagonistes éclatent sans le moindre complexe des éléments de décor pourtant apparemment solides, et l'ensemble de l'univers crée par Chow fonctionne selon des règles d'apesanteur bien éloignées de la réalité. En un mot : Crazy, ça tombe bien, c'est aussi le titre du film. On imagine alors curieusement bien dans quel état d'esprit était Stephen Chow en écrivant son scénario : aucune idée, fusse-t-elle démesurément exagérée, ne devait être écartée ou allégée. Ainsi, deux joueurs de musique tarés emploient leurs accords comme s'il s'agissait d'armes tranchantes, un petit cuistot s'emmêle les mimines à se battre avec plusieurs lances de combat, et le combat final fait dans la destruction massive sous des faux airs de Dragon Ball. Même si les effets numériques sont nettement plus présents, le constat reste à peu près le même que pour Shaolin Soccer : l'ensemble est beau, impressionnant, assez rythmé, mais néglige avec dédain tout scénario ou personnages. A ceci près que pour cette fois-ci, Chow les dote volontairement d'un petit grain bienvenu qui leur confère une personnalité et un potentiel humoristique non négligeable, à l'image de ce tailleur passé maître dans l'art martial, pourtant la cible des blagues les plus douteuses. Tout n'est pas drôle, bien entendu, et encore faut-il ne pas avoir en horreur l'humour chinois.
Le film d'arts martiaux porté à son plus haut degré de spectacle, véritable produit de divertissement qui allie habileté de grands maîtres, câbles, et effets spéciaux plus ou moins réussis. Si l'humour se montre parfois un peu douteux, et que le couple scénario/personnages est confiné dans la partie inférieure des considérations, le plaisir est néanmoins assuré par l'esprit imaginatif sans bornes de Chow et sa réalisation pratiquement irréprochable.