6.5/10Cold Prey : L'homologue norvégien de Jason Voorhees

/ Critique - écrit par enihprom, le 30/06/2011
Notre verdict : 6.5/10 - Le Jason Voorhees norvégien (Fiche technique)

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Slasher movie norvégien de haute volée technique, Cold Prey montre néanmoins très vite ses lacunes scénaristiques. Le film de Roar Ulthaug n'est en effet pas assez surprenant bien qu'il possède de nombreux atouts, notamment des personnages travaillés et non-caricaturaux. Au final, Cold Prey n'est pas un mauvais film, loin s'en faut, mais il n'arrive pas à se détacher suffisamment des autres productions du genre pour réellement marquer et trouver sa propre identité.

Cold Prey : L'homologue norvégien de Jason Voorhees
DR.Cinq jeunes Norvégiens (trois garçons et deux filles) fanatiques de sports extrêmes décident de partir ensemble dans les montagnes enneigées du pays pour pratiquer leur activité favorite, le snowboard. Pour éviter des invasions de touristes qui ne pourraient que nuire à leur projet, les lascars succombent à la tentation du hors-piste et commencent à tâter le terrain, isolés de toute présence humaine. Joie et bonne humeur sont au rendez-vous, ils profitent au maximum et se font plaisir avec quelques figures assez élégantes afin de montrer qu’ils maîtrisent un tant soit peu le sujet. L’euphorie s’arrête cependant bien vite puisque l’un des cinq snowboarders, après une chute malencontreuse, se fait une fracture ouverte. Une de celles qui sont classées dans la catégorie « ça fait très mal et il faut rapidement des soins hospitaliers ». Par chance, dans le groupe, il y en a une qui s’y connait un peu en médecine et prépare une attelle de fortune, le temps de trouver un abri. Deuxième coup de chance, la bande trouve un hôtel abandonné depuis quelque temps visiblement et ils pourront s’en servir pour passer la nuit. Mais le vent tourne et les cinq amis n’avaient pas imaginé qu’il faudrait lutter contre la mort en poussant les portes de la bâtisse.Cold Prey : L'homologue norvégien de Jason Voorhees
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Nouvelle curiosité norvégienne que ce Cold Prey. Véritable succès dans son pays natal - aussi bien critique que public, ce qui lui a valu plusieurs récompenses d’ailleurs - lors de sa sortie sur les écrans en 2006, le film de Roar Uthaug ne s’est pourtant fait connaître en France que très récemment, en 2009 plus précisément, lors du Festival du film fantastique de Gérardmer. Équipé de trois bouts de ficelles de nylons et de quelques couronnes norvégiennes, Fritt Vilt pouvait définitivement moderniser le slasher, ce que quelques productions avait déjà commencé à faire auparavant comme The Devil’s Rejects de Rob Zombie ou encore l'australien Wolf Creek de Greg McLean. Mais autant casser le suspense immédiatement, le long-métrage venu du froid ne renouvellera pas le genre, loin de là, en partie à cause de son classicisme qui prend une part vraiment trop importante dans la progression. Et qui dit classicisme, dit forcément linéarité. Effectivement, nous ne sommes pas surpris (ou très rarement) dans Cold Prey. C’est sans nul doute son plus gros défaut qui, malheureusement, vient noyer dans la masse les indéniables qualités dont il est pourvu.


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Avant de réellement rentrer dans une partie du chat et de la souris entre le boogeyman local et ces cinq fous de la glisse, il y a l’étape cruciale, celle qui se développe de plus en plus dans le slasher moderne, à savoir la présentation des personnages. Car quitte à les voir mourir dans d’atroces souffrances, autant faire plus ample connaissance avant les moments fatidiques pour accentuer le dégoût que l’on peut avoir lors des scènes de meurtres. Donc durant les quarante premières minutes environ, ne vous attendez pas à de l’action viscérale sans aucune interruption puisque Roar Uthaug a tout misé sur la psychologie des protagonistes. Si l’on pouvait légitimement craindre le stéréotype des cinq pauvres petits jeunes complètement écervelés ne pensant qu’aux rapports sexuels et à l’alcool qu’ils pourraient boire pendant la nuit, force est de constater que Cold Prey évite soigneusement cet écueil, proposant plutôt des physionomies recherchées et non caricaturales dont aucune ne prend l’ascendant sur l’autre. Tout le monde est traité de façon égale et on ne sera pas plus peiné de voir une personne en particulier partir avant une autre, même s’il ne sera pas compliqué de deviner qui sortira vainqueur du face à face avec le tueur.


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Si les clichés ont pu être évités pour les proies, ils ne l’ont pas été pour le prédateur. Muet, doté d’une force herculéenne, mesurant environ deux mètres et ayant subi un traumatisme dans sa jeunesse, il a vraiment tout pour coller à l’archétype du tueur froid, asocial et sanguinaire. D’ailleurs, ce dernier n’a pas non plus la créativité requise pour réellement enthousiasmer les plus malsains d’entre nous. En effet, généralement, on n'en parle plus après un bon coup de pioche bien placé. Il n’utilisera ses mains nues que pour une seule et unique personne, ce qui ne nous laisse pas beaucoup de diversité dans les exécutions. Malgré tout, on note une certaine tension dans les couloirs de l’hôtel lorsque la traque commence véritablement (le moment où ceux qui n’ont pas encore été happés par la pioche comprennent qu’ils ne sont pas seuls dans l’hôtel), tension renforcée par la superbe photographie proposée, aussi bien en intérieur qu’en extérieur, qui retranscrit à merveille la froideur et l’oppression de l'hôtel. S’il ne devait y avoir qu’une chose à retenir de ce Cold Prey, ce serait sans aucun doute possible les environnements norvégiens littéralement sublimés par la caméra de Uthaug. Décors naturels obligent, une sincérité accueillante s’en dégage, à tel point d’ailleurs qu’une soudaine envie d’aller visiter la Norvège peut vous prendre dès le DVD extrait du lecteur.

Au final, Cold Prey se révèle une assez bonne pioche (quel jeu de mot...). Possédant toutes les qualités pour faire un bon slasher movie, notamment grâce à sa superbe photographie et ses protagonistes principaux qui s’éloignent des clichés habituels du genre, le film de Roar Uthaug se fourvoie dans ses choix scénaristiques un peu trop téléphonés pour réellement surprendre. Vraiment dommage quand on sait qu’il aurait pu s’imposer comme un incontournable du genre. Au lieu de ça, il se contente d’être un bon divertissement pour quiconque est intéressé par une nouvelle licence horrifique.

> Le troisième volet de la série, Cold Prey 3, étant sorti il y a quelques jours en DVD/Blu-Ray en France, StudioCanal propose un coffret regroupant les trois épisodes (24,99€ pour le pack DVD et 29,99€ pour le pack Blu-Ray). Une bonne occasion de s'offrir l'intégrale de la série horrifique à petit prix.