Le Coach
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 13/09/2009 (Le duo Rouve-Berry fonctionne à merveille, dans un film qui repose essentiellement sur un scénario et des dialogues comiques parfaitement étudiés. Le coach aurait pu être fait par le Francis Veber des bonnes années.
Le film de duo antagoniste est un sous-genre de la comédie française, exploité jusqu'à usure complète de la corde par Francis Veber : Gérard Depardieu contre Pierre Richard, Jean Reno contre Patrick Bruel, Thierry Lhermitte contre Jacques Villeret... Le dernier avatar en date de cette formule était une reprise anémique de L'emmerdeur, avec un Richard Berry et un Patrick Timsit qui ne faisaient pas
oublier le duo Ventura-Brel de la version d'Edouard Molinaro. La pêche de Veber en tant que metteur en scène est certainement à mettre en cause davantage que le savoir-faire des acteurs : dans le Coach ici présent, on retrouve un Richard Berry impeccable dans son sempiternel emploi de dur-à-cuire exaspéré, tandis que Jean-Paul Rouve fournit le contre-pied timide et influençable. Le premier incarne Maximilien Chêne, un coach réputé infaillible, chargé de redonner le moral à ceux qui l'ont dans les chaussettes ; de même que les cordonniers sont les plus mal chaussés et que les psychiatres sont souvent fous, Max possède une vie privée quasiment inexistante, claque tout son blé au casino et se fait jeter du domicile conjugal par une moitié exaspérée (et enceinte, ce qui n'arrange rien). Le personnage de Rouve, Albert Marmignon, est un chef de service trop mou qui doit faire signer un contrat extra-juteux à une importante société chinoise, ce que son chef ne juge pas possible étant donné son sens calamiteux du management. Max se retrouve investi d'une mission périlleuse : donner de la carrure à Marmignon sans lui révéler qu'il est un coach...
Rien de révolutionnaire dans ces contrées : les ficelles les plus connues de la comédie sont conviées à la fête, avec un talent d'écriture et d'interprétation qui font la réussite du film. L'inversion des rôles est un procédé utilisé avec particulièrement de bonheur ici : Richard Berry en stagiaire photocopie et Jean-Paul Rouve en cadre trop supérieur sont parfaitement hors de leurs chaussures, ce qui donne lieu à de très bonnes scènes de dialogues. L'inévitable histoire d'amour au cœur de l'intrigue n'est pas non plus bouleversante d'originalité ni de suspense (le personnage d'Anne Marivin craque pour celui de Rouve dès le départ, on espère juste qu'il parviendra à ne pas la faire fuir), et la présence d'un "méchant" (Jean-Noël Brouté en rival professionnel ET amoureux, façon bad guy machiavélique qui se frotte les mains) ne fait rien pour la subtilité de l'étude sociologique, mais le duo central est écrit et interprété avec suffisamment de finesse, d'émotion, de drôlerie pour balayer les invraisemblances, les facilités et une fin un peu longuette.
Reposant sur une observation amusée des tics comportementaux et de leur correction arbitraire par la méthode du coaching, le film met le doigt sur pas mal de travers quotidiens, tout en conseillant finalement de rester soi-même, ce qui n'est pas une plus mauvaise philosophie qu'une autre. Une bonne surprise de la rentrée, qui vaut bien les 4 euros qu'elle coûte jusqu'à mercredi.