Chicago
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 04/03/2003 (Tags : chicago park national ville points parc illinois
Chicago trouve son origine dans le procès on ne peut plus réel de Roxie Hart, en 1926, qui inspirera la même année une pièce de théâtre, elle-même plus tard déclinée en deux adaptations ciné (Chicago en 1927, et Roxie Hart en 1942). 1975, Bob Fosse s'empare du script de la pièce pour en construire une comédie musicale, qui deviendra le point de référence pour Rob Marshall du présent Chicago. Un premier long métrage plutôt inspiré puisque son film ne récolte pas moins de treize nominations aux oscars, dans la majorité des catégories vedettes : Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleure Actrice, Meilleure Second Rôle Féminin, Meilleur Second Rôle Masculin... Pfiuu. La compétition risque d'être serrée, quand on sait que son principal adversaire sera Gangs Of New York qui ne récolte « que » dix nominations.
Mais qu'est donc Chicago ? En termes légers, une transposition au cinéma de la comédie musicale de 1975, une série de chorégraphies flamboyantes se taillant la part du lion dans la durée du film. Autrement dit, les allergiques aux comédies musicales passeront d'ores et déjà leur chemin, Chicago tenant plus de Broadway que de Hollywood.
Chicago, 1929. Roxie Hart (Renée Zellweger) plombe son amant indélicat de plusieurs balles de revolver, gagnant un aller simple dans le couloir de la mort. En cabane, elle retrouve Velma Kelly (Catherine Zeta-Jones), star du music hall tombée pour un double meurtre, à qui elle rêvait de donner la réplique sur scène. Manque de bol, les deux criminelles ne tardent pas à se crêper le chignon. Assurée d'être condamnée à la pendaison lors de son procès, Roxie décide de faire appel au meilleur avocat de Chicago, Billy Flynn (Richard Gere), et met un pied dans l'univers impitoyable de la notoriété à tout prix...
Il aura fallu deux mois de répétitions intensives pour permettre à Renée Zellweger, Catherine Zeta-Jones et Richard Gere d'assumer pleinement leurs rôles dans Chicago. Investissement au sens fort du terme, quand on découvre qu'ils dressent fièrement la tête dans chacune des chorégraphies mettant en scène leur personnage. Et n'imaginez pas que la chansonnette ne durera que quelques pas ! Car c'est bel et bien la comédie musicale qui absorbe le récit, en fait son petit trait d'union entre deux numéros de cabaret. Réel ou imaginaire ? Un peu des deux. Roxie Hart, les yeux aveuglés par les paillettes, ressent chaque événement de sa vie comme un show lumineux, chaque sentiment nouveau comme une mascarade musicale digne des plus grandes scènes new yorkaises.
Conférence de presse transformée en numéro de marionnettes ventriloques, plaidoirie improvisée en numéro de claquettes, mise à mort en numéro de magie... Chicago fait dans l'espièglerie, déséquilibre par la mise en image de son propos, et révèle les poutres porteuses de sa ville-spectacle éponyme. Le spectaculaire apporte la notoriété, jusqu'à ce qu'un nouveau numéro viennent faire oublier le premier. Pour s'en préserver, le show doit continuer, encore, et encore... Prise dans l'engrenage, Roxie goûte au fruit défendu et devient étoile parmi les étoiles, sans cesse contrainte à défendre sa place au firmament.
Et le film ne serait rien sans les interprétations inspirées des trois têtes d'affiche, qui rivalisent de panache dans chacune de leurs prestations, même s'il faut bien avouer que Catherine Zeta-Jones et Renée Zellweger occupent farouchement le devant de la scène et repoussent sauvagement le numéro de « beau gosse » habituel de Monsieur Gere. Pas de surprises donc d'apprendre que les deux actrices pourront potentiellement êtres récompensées aux oscars pour leur implication dans Chicago, trace indélébile de leurs talents non seulement d'actrices mais également de chanteuses-danseuses.
Bonheur jusque dans l'écoute de la Bande Originale, compilation des titres interprétés par le casting pour le film. Ca commence sur les chapeaux de roues avec All That Jazz, portée à bout de voix par une éblouissante Catherine Zeta-Jones, puis se gondole en When You're Good To Mama (Queen Latifah), Cell Block tango (Catherine Zeta-Jones), All I Car About (Richard Gere, Renée Zellweger), Roxie (Renée Zellweger)... On aimerait toutes les citer, mais je ne peux que vous inciter à vous procurer cet album inhabituel de qualité pour peu que le Jazz ou le Tango ne vous inflige pas d'urticaire.
A comparer avec Moulin Rouge, l'autre ovni musical du cinéma hollywoodien, Chicago se veut d'une certaine façon plus terre à terre et moins comédisé, au profit de son aspect résolument musical. Le style peut rebuter, surtout que la prolifération de numéros musicaux devient parfois un peu rébarbative et menace le rythme de l'oeuvre. Dans tous les cas, une comédie musicale de cette qualité au cinéma, il faudrait s'en croire allergique pour ne pas s'en mettre plein les rêves.