Réhabilitation : Stanley Donen

/ Article - écrit par riffhifi, le 25/05/2011

Tags : film cinema films etats france comedie annees

« For me directing is like having sex: when it's good, it's very good; but when it's bad, it's still good. »

Certains noms sont injustement oubliés dans le flot continu de personnalités qui font l’histoire du cinéma. Stanley Donen, au mieux, est réduit en France au statut de "coréalisateur de Chantons sous la pluie", bien qu’il soit généralement éclipsé par la vedette Gene Kelly, ou à la rigueur par le producteur Arthur Freed. Pourtant, sa carrière hétéroclite fourmille de films réjouissants, et les professionnels ont reconnu son importance au point de le faire figurer deux fois au jury du festival de Cannes (en 1969 et 1984). Sera-t-il la prochaine "palme d’or 16088-rehabilitation-stanley-donen-1.jpgd’honneur" grâce à sa carrière trop peu récompensée ?

D’abord danseur, il passe à la réalisation dès 1949 avec la comédie musicale Un jour à New York (On the Town, 1949), qui met déjà en scène Gene Kelly. Il fait de ce genre une spécialité, dirigeant notamment Fred Astaire dans Mariage royal (1951), et à nouveau Gene Kelly dans le classique Chantons sous la pluie (1952) et le méconnu Beau-fixe sur New York (1955, où Kelly se livre à un numéro de claquettes en patins à roulettes) ; en 1957, c’est Audrey Hepburn qui pousse la chansonnette pour Donen dans Drôle de frimousse.

Mais il serait dommage de n’évoquer que sa carrière "comédie musicale". Dans le domaine de la simple comédie romantique, il livre quelques joyeusetés peuplées de grands acteurs : Love is Better than Ever avec Elizabeth Taylor (1952, inédit en France), Indiscret avec Cary Grant et Ingrid Bergman (1958), Chérie recommençons avec Yul Brynner (1960), Ailleurs l’herbe est plus verte avec Cary Grant (1960)… Puis les années 60 arrivent, et marquent la période la plus créative de Stanley Donen : outre deux comédies dramatique sur la vie de couple (Voyage à deux et L’escalier), il signe trois perles fantasques qu’on ne se lasse pas de redécouvrir. Les deux premières sont des comédies policières 16088-rehabilitation-stanley-donen-2.jpgpétillantes et ludiques, dans la lignée de La mort aux trousses : Charade réunit Cary Grant et Audrey Hepburn, et Arabesque (rien à voir avec la série) associe Gregory Peck à Sophia Loren ; la troisième est titrée Fantasmes (Bedazzled en v.o.) et narre la rencontre entre un loser et le Diable, qui lui propose d’exaucer ses vœux (Harold Ramis en tirera un remake appelé Endiablé).

En 1974, il change encore de registre, en adaptant Le Petit Prince de Saint-Exupéry en version live ; le film ne sortira pas en France, mais sera distribué en vidéo à partir de 2006. Puis en 1978, il livre l’ancêtre des Scary Movie et autres "machin movie", avec une triple parodie (films de boxe, films de guerre, comédies musicales) appelée… Movie Movie ! Les années 80 sonnent le glas de sa carrière : le film de science-fiction Saturn 3 (avec Kirk Douglas) est nominé aux Razzie Awards, la comédie C’est la faute à Rio (avec Michael Caine et Demi Moore) est un bide, et Donen jette l’éponge après avoir réalisé un épisode de la série Clair de lune. Pourtant, il revient derrière la caméra une dernière fois en 1999, pour un téléfilm appelé Le dernier aveu.

Il a été marié et divorcé cinq fois, ce qui fait de lui un cœur à prendre depuis 1994. Il a fêté ses 87 ans le 13 avril.