7.5/10Casino Royale - 2006

/ Critique - écrit par Nicolas, le 23/11/2006
Notre verdict : 7.5/10 - Sex Bond, sex Bond (air connu) (Fiche technique)

Tags : bond casino royale film james scene vesper

Sex Bond, sex Bond (air connu)

Nul autre James Bond n'avait fait autant parler de lui. La raison ? Un nouvel interprète pour James Bond qui n'est pas au goût de tout le monde et encore moins des fans. Mais une bonne aubaine pour la franchise de reprendre un peu de couleurs après quelques épisodes en demi-teinte et un essoufflement général. Ce qu'on nous promet ? Le grand Chelem, bien évidemment, c'est à dire explosions, introspections, bagarres d'anthologie, et, mieux vaut tard que jamais, une romance digne de ce nom...

James Bond (Daniel Craig), nouveau 00 du MI6, est sommé de prendre des vacances après une première opération au dénouement un peu trop spectaculaire. Il décide tout de même de continuer sa mission, et tombe sur la piste d'un banquier privé en relation très intime avec le terrorisme d'ordre international. James est alors dépêché au Monténégro pour affronter l'homme que l'on appelle Le Chiffre (Mads Mikkelsen) dans une partie de Poker dont l'enjeu s'élève à de nombreux millions dollars. Une opportunité à saisir, et un moyen simple de couper les crédits au terrorisme....


Au-delà de la controverse « Daniel Craig », reposant essentiellement sur des principes et non sur une règle absolue, qu'en est-il réellement ? Ce n'est pas tant sa tignasse blonde, son regard bleu ciel, ou sa tronche un peu patibulaire qui marque la différence (quoique...), mais plutôt le lifting opéré sur le personnage. En lieu et place du torse velu de Brosnan, un mâle bodybuildé en froid avec la délicatesse, comme le souligne expressément les premières dizaines de minutes du film. Celles-ci, pas bégueules sur la surenchère, retrace la course poursuite effrénée (pas de mot plus fort) entre un James sans foi ni loi et un terroriste n'ayant rien à envier à un Yamakasi. De quoi mettre dans le bain direct : James Bond 21ème du nom sera explosif, où ne sera pas. Le changement de ton amorcé plus ou moins dans les précédents volets atteint ici son point culminant, là où l'espionnage (soft) côtoie l'action (hard) sans discontinuer. Les petits plats ont été mis dans les très grands, chaque scène d'action est un pur moment de plaisir concentré, certes dénué de cohérence, où Bond envoie tout valser avec une rage presque obsessionnelle - un petit côté « chien fou » déjà évoqué par le passé, qui prend ici tout son sens. Normal, puisque Casino Royale adapte le premier roman de Ian Fleming, ou les débuts de James Bond en tant que 00 (les premiers instants du film y sont entièrement consacrés) et en tant qu'homme à femmes insatiable. Le scénario, parfois obscur dans ses rebondissements, nous amène au Monténégro pour une partie de Poker de plusieurs dizaines de millions de dollars contre Le Chiffre (prononcez avec l'accent anglais), un terroriste d'envergure international à la tête d'une organisation bancaire frauduleuse dénuée de morale. Une enflure comme Bond en connaîtra des dizaines, sans artifice ni esbroufe, campé à merveille par le scandinave Mads Mikkelsen. A son corps défendant, Bond ne pourra compter que sur son esprit d'analyse, sa propension à tout faire sauter, et une James Bond Girl au nom imbouffable de Vesper Lynd (Eva Green). Fini les gadgets, ou peu s'en faut, à la limite une somptueuse voiture un peu truquée et quelques téléphones portables dernier cri de chez Sony (sponsor officiel du film, impossible de ne pas le remarquer). Martin Campbell, déjà initié aux James Bond depuis Goldeneye, s'en donne à coeur joie et dilapide le budget sans la moindre retenue affichée. Résultat plus qu'honorable, quasi-louable même, aussi bien dans les scènes d'action que dans les moments de tension psychologique (les parties de poker, pourtant peu présentes, ont quelques choses d'hypnotiques).


D'un scénario peu intellectuel, ou en tout cas loin d'être limpide, Campbell tire l'une des plus impressionnantes démonstrations techniques de ces dernières années, repoussant sans cesse les limites de la cohérence et de l'inventivité pour livrer LE film d'action du moment. Si Daniel Craig doit encore faire ses preuves, la relève est assurée, et la franchise James Bond peut repartir sur de nouvelles bases solides.