6.5/10Burn after reading

/ Critique - écrit par riffhifi, le 17/12/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Burné comme Otis Redding (Fiche technique)

Tags : coen film after burn reading linda comedie

Les frères Coen se répètent un peu, mais le film s'avère distrayant grâce aux joyeuses performances de comédiens chargés d'incarner la Bêtise avec un grand bée.

Depuis leurs débuts il y a près de 25 ans, les frères Joel et Ethan Coen ont toujours aimé alterner la comédie et le policier, en versant souvent un peu de l'autre dans l'un. Ils aiment aussi les personnages d'imbéciles qui génèrent leur propre mouise, ainsi que l'usage de certains acteurs qui leur sont sympathiques : George fait le clowney
George fait le clowney
George Clooney parce qu'il maîtrise l'auto-parodie et qu'il possède un charme rétro, Frances McDormand parce qu'elle est la femme de Joel... Burn after reading, qui sort moins d'un an après le respectable No country for old men (Oscars, tout ça), combine toutes ces caractéristiques de l'œuvre Coenienne. A tel point qu'on a l'impression d'avoir vu ça quelque part... On en oublie même que John Malkovich et Brad Pitt y font leur première incursion dans cet univers, auquel ils s'intègrent à merveille.

Osbourne Cox (John Malkovich) se fait virer de son poste d'analyste à la CIA, pour cause de « problème d'alcool ». Soucieux de ne pas se laisser abattre, il entreprend de rédiger ses mémoires sous l'œil circonspect de sa femme Katie (Tilda Swinton), qui prépare leur divorce en secret... en effet, elle se tape Harry Pfarrer (George Clooney), un agent du Trésor Public et ex-garde du corps, avec la ferme intention de le voir quitter sa femme Sandy (Elizabeth Marvel). Pas de bol, un CD contenant un extrait des mémoires de Cox tombe entre les mains de deux Brad fait pittié
Brad fait pittié
employés du club de gym Quedumuscle (en v.o. : Hardbodies), qui ont bien l'intention de l'utiliser pour se faire du pognon... Car Chad (Brad Pitt) et Linda (Frances McDormand) sont persuadés d'être en possession d'informations confidentielles ! Ce chantage fait le désespoir de Ted (Richard Jenkins), le directeur du club secrètement amoureux de Linda, et de l'officier supérieur de la CIA (J.K. Simmons) qui reçoit régulièrement des comptes-rendus sur des évènements dont il ne comprend pas les tenants et les aboutissants...

Vu d'ici, le scénario a l'air complexe. En réalité, il se résume essentiellement à un enchevêtrement de brins de paille, posés du bout des doigts sur une marmite de vide. La démarche est délibérée : le film parle de personnages qui agissent et réagissent à propos de problèmes qui n'existent pas ; il serait sans doute aussi exagéré que tardif d'y voir un commentaire sur l'administration Bush, d'autant que les idiots incriminés ici se situent plus du côté des civils que de celui de l'Etat. Brad Pitt remporte la timbale du rôle le plus crétin : avec ses mèches décolorées, son survêt et son goût pour les chewing-gums, il compose un benêt de premier ordre à contre-courant de ses compositions habituelles. Ses compagnons sont logés à la même enseigne, à tel point qu'on finit par se demander où la cruauté des frères John ne fait pas mal qu'aux vitchs
John ne fait pas mal qu'aux vitchs
Coen peut bien s'arrêter : les protagonistes sont respectivement stupide (Pitt), irresponsable et vaniteux - et stupide (Clooney), loser et colérique (Malkovich), superficielle et désespérée - et stupide (McDormand), sévère et dirigiste (Swinton), mou et lâche - et un peu stupide (Jenkins)... Dans cet étalage de misère humaine, difficile de choisir un personnage référent, d'autant que le scénario prend un malin plaisir à n'en mettre aucun en avant, tout en ne formulant jamais de réel sujet (et pour cause !). Du coup, on s'amuse des performances sans pour autant ressentir d'empathie ni de réel intérêt, et on se contente d'un plaisir assez intellectuel et limité malgré l'ingéniosité déployée. Dans The Big Lebowski ou O'Brother, les personnages dégénérés étaient moins nombreux et se révélaient plus sympathiques.

Au terme de cet imbroglio déconcertant, on rigole d'assez bon cœur à la scène finale bien amenée, mais la façon dont les personnages sont expédiés hors du film, et la légèreté presque volatile de ce dernier, lui donnent l'apparence d'un gros épisode de série comique, dont on retrouverait la suite absurde la semaine prochaine.