Les Bronzés font du ski
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 30/01/2006 (Sports d'hier
Les Bronzés, c'est un peu comme la Tour Eiffel : ça fait partie du patrimoine national, et ce n'est pas près de changer. La preuve : chaque année, inlassablement, TF1 recolle dans ses grilles Les Bronzés font du Ski avec la conviction indémontable de faire un carton. Et chaque année, inlassablement, des millions de gaulois se bidonnent en suivant les frasques de ce groupe d'amis franchouillards, juste caricature d'une bande de potes français réunis autour des pistes enneigées. En vingt-sept ans d'exploitation, le film n'a perdu ni de son humour, ni de son succès, et c'est probablement la raison pour laquelle la bande du Splendid' a souhaité remettre ça cette année avec un troisième opus très attendu...
« Attendez, j'suis pas fou, sur mon billet y'a écrit Saint-Lazare, c'est mes yeux ou quoi !? »
« Je crois que ça doit être vos yeux. »
A la base, donc, il y avait le Splendid' : une troupe de théâtre composée de fringants et jeunes comédiens dénommés Thierry Lhermitte, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, et Bruno Moynot (après le départ en 75 de Valérie Mairesse). Ensemble, ils écrivent dans un premier temps Pot de Terre contre Pot de Vin (1975), une comédie sans grande envergure qui ne leur retournera que peu de bons qualificatifs, mais qui leur permettra d'enchaîner sur un de leurs plus grands succès sur scène : Amours, Coquillages, et Crustacés (1997), inspirés de leurs propres observations récoltées sur les plages du Club Med. Un beau succès, qui leur ouvrira les portes du cinéma grâce au producteur Yves Rousset-Rouard. Patrice Leconte réalise, deux millions de spectateurs se pressent dans les salles obscures, et confèrent une certaine notoriété à la petite troupe qui ne connaîtra plus jamais l'inconsidération. De quoi imaginer une suite, écrite par Jugnot, Clavier, et Lhermitte, qui verra le jour en 1979. Les Bronzés prennent alors le chemin des pistes de ski, accentuant du même coup les caractères de cochon et le petit grain de folie de ces personnages atypiques. Nouveau carton. Par la suite, le Splendid' remontera deux fois sur les planches, pour Le Père Noël est une Ordure (1980) et Papy Fait de la Résistance (1981), tous deux également transposés au cinéma avec le succès qu'on leur connaît.
« Vous avez d'là pâte ? Vous avez du sucre ? Avec la pâte vous faites une crêpe et vous mettez du sucre dessus ! »
Les Bronzés font du Ski, c'est donc les retrouvailles de Jean-Claude Dusse (Michel Blanc), Gigi (Marie-Anne Chazel), Jérome (Christian Clavier), Popeye (Thierry Lhermitte), Bernard (Gérard Jugnot), Nathalie (Josianne Balasko), Christiane (Dominique Lavanant), réunis pour les vacances d'hiver dans une station de ski. La ligne scénaristique, pratiquement inexistante, ne va pas beaucoup plus loin, et le film fait davantage penser à une suite de situations et blagues cocasses destinées avant tout à divertir sans rechercher l'intrigue ou le sensationnel. Chacun rapplique donc avec ses problèmes et ses sautés d'humeur sous le bras, espérant passer un bon séjour, conclure avec des filles si possible, bref, être heureux en compagnie de ses amis.
Et tout ne se passera évidemment pas comme prévu, et donnera lieu à un florilège de scènes devenues anthologiques émaillées de répliques désormais cultes. Même les profanes auront certainement déjà entendu parler du « planté de bâton », de la drague à la Jean-Claude toujours « sur le point de conclure », des fameuses recettes montagnardes à base de vers et de crapauds, et des galères de logement de Popeye. Les bronzés, c'est ça : une succession de sketches plongeant profond dans la quotidien pour n'en garder que le cliché mis au carré de l'humour, interprétés par des acteurs talentueux élevés au panthéon des comédiens français. Tout n'est certes pas à se tordre, mais la balance penche tellement souvent du bon côté qu'il y a peu de chances de ne pas accrocher aux frasques de la troupe, quel que soit le personnage. Tous sont à leur place, du Jugnot ronchon au Clavier hystérique, en passant par le pauvre Michel martyrisé et la Marie-Anne hystérique.
« Tu m'aides là ? »
« Non, pas là, non. »
Et il est impressionnant de constater que l'humour n'a vraiment pas pris une ride et peut encore toucher un public de « pas encore conquis ». La réalisation, certes, n'était déjà pas du grand art à l'époque, et le montage se montre parfois un peu roupillant. Le film a donc ses longueurs, mais ne dure pas assez longtemps pour être altéré par ce petit défaut. Et puis, le succès populaire le précède tellement souvent qu'il est parfois difficile, si on découvre, de comprendre la logique du culte et d'adhérer du premier coup. Qu'à cela ne tienne, je ne suis pourtant pas bon public quand il s'agit de films français, mais je ne peux que m'incliner devant une oeuvre aussi drôle et sympathique. Reste à savoir maintenant si le nouvel opus, baptisé Les Bronzés - Amis pour la Vie, sera digne de son prédécesseur...