Boulevard de la mort
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 06/06/2007 (Tags : film tarantino mort films boulevard cinema quentin
Tarantino ne tient pas la route
Quentin Tarantino et Robert Rodriguez, tous les deux fans du cinéma bis des années 70/80, ont fait le pari de réaliser un double programme à l’ancienne appelé Grindhouse : deux films de genre agrémentés de fausses bandes-annonces (réalisées par des gens comme Rob Zombie), dont les copies seraient spécialement traitées pour donner l’impression au spectateur de mater de vieilles bobines dans un cinéma de quartier. Si le projet semble alléchant sur le papier, il ne sera pas visible en France sous sa forme de double programme (quatre heures de projection, les salles ne l’ont pas accepté). Et sorti de ce principe amusant, que reste-t-il ? Les films : Boulevard de la mort de Tarantino d’abord, Planète Terreur de Robert Rodriguez (sortie en France le 15 août 2007) ensuite. Et celui de Tarantino ne place pas la barre bien haut…
Stuntman Mike, un ancien cascadeur (d’où son nom), conduit une grosse bagnole renforcée. Il mate les filles, et plus de violence si affinités. Et croyez-le ou pas, même un résumé aussi simple raconte plus que le film tout entier.
Stuntman Mike (Kurt Russell)Formellement, la tentative de recréer l’ambiance et le plaisir des séries B est un échec pour plusieurs raisons, qu’on peut se faire un plaisir d’inventorier.
- une série B dure rarement plus d’1h30 (plus souvent 1h20) : Boulevard de la Mort dure 1h50, c’est interminable ;
- une série B ne compte que des acteurs de seconde zone : Kurt Russell (malgré son talent) et Rosario Dawson n’ont rien à faire là ;
- une série B se contente d’une bande originale ultra-légère à base de trois morceaux passés en boucle : Boulevard de la Mort étale une galerie de tubes utilisés de toute évidence pour gonfler artificiellement le capital sympathie ;
- les derniers films de ce genre datent des années 80 (depuis la vidéo a pris le relais) : donc les téléphones portables et les allusions à Lindsay Lohan, ça pourrit le groove ;
- les taches sur l’écran et les plans qui sautent, c’est une idée qui se défend, mais pourquoi avoir subitement arrêté à la moitié du film ? Par flemme vraisemblablement, mais c’est un argument assez faible ;
- quant aux gros plans incessants sur les fesses des actrices… non, ça c’est bien.
Donc en tant que film « à la manière de », ça ne vaut pas un rond. Et en tant que divertissement, qu’en dire ? Les 90 premières minutes sont pénibles. Vraiment pénibles. Constituées presque exclusivement de dialogues chiants à mourir échangés par des bimbos hystériques, elles ne laissent que peu d’apparitions au personnage de Kurt Russell, le seul à présenter un minuscule embryon d’intérêt. Les vingt dernières minutes, pour peu qu'on ait eu le courage de rester dans la salle, s’avèrent réellement jubilatoires, mais s’achèvent sur un final qui sent plus la parodie que l’hommage.
Même pour les fans de Tarantino, mon seul conseil sera : pointez-vous dans la salle une bonne heure après le début du film, avec plein de pop-corn, et rigolez grassement avec votre voisin. C’est sans doute de cette façon que Quentin veut que son film soit vu. Et n’espérez pas les fausses bandes-annonces : elles n’y sont pas.