9/10Bloodsport, tous les coups sont permis

/ Critique - écrit par nazonfly, le 30/05/2008
Notre verdict : 9/10 - Au second degré (Fiche technique)

Tags : bloodsport film tous coups sont permis dux

Premier film de Jean-Claude Van Damme, Bloodsport est un exceptionnel nanar de combat. Ou un film de karaté bien moyen.

Comment faire une thématique spéciale Jean-Claude Van Damme sans parler de Bloodsport, le film qui lancera la carrière du Belge le plus connu dans le monde ? Le scénario du film, sobrement intitulé en France Tous les coups sont permis, tient sur un bout de papier : Frank Dux veut gagner l'un des plus grands tournois de la planète pour l'honneur de son maître, le kumite (ou coup-mité ?).

Bloodsport est un sommet, à plusieurs niveaux de lecture.

Un tournoi de grande qualité

Ah le kumite. Un tournoi de full contact tellement important que la Fédération Internationale des Arts Martiaux le finance, même s'il est tellement secret qu'il se déroule dans les tréfonds de Hong Kong. Le genre de combat pour lequel des dizaines et des dizaines d'athlètes dans le monde entier se préparent avec sérieux : casse de planche en bois, de noix de coco, et même d'énormes pains de glace.
Après qu'un combattant a craché du sang, on apprendra ainsi que, pour cette raison, il s'appelle Bloodsport. Tous les styles de combat sont représentés au coup-mité : karaté, boxe, savate. Et là plein d'images de tournois cultes nous reviennent à l'esprit : Dragon Ball Z, Street Fighter. La nostalgie nous ferait presque verser quelques larmes.

Des personnages de grande qualité

Ah la belle galerie que nous montre Tous les coups sont permis ! Chaque personnage est finement ciselé, taillé dans la masse par un véritable maître orfèvre. 

Frank Dux, avec un D comme Dux, (Jean-Claude Van Damme) est évidemment le héros du film. S'il a réellement existé, difficile de dire ce qui est vrai ou pas dans sa vie retranscrite à l'écran. Comme souvent pour les rôles du Belge, Dux est... Français. Sans doute que la Belgique est trop petite pour être connue aux Etats-Unis. En tant que Français, le père de Dux est venu en Amérique pour s'occuper de vignes (sic comme on dit). Le petit Frank va croiser la route de M. Tanaka (dont le père était poissonnier, jusque là la logique est respectée) qui va l'entraîner en même temps que son fils. Le premier quart d'heure, dans plusieurs scènes cultissimes, suit ainsi Frank tenter d'attraper des poissons ou encore se relever alors qu'il était écartelé entre deux arbres. Il apprend ensuite la technique du grand écart facial, qu'il mettra à profit durant les combats, voire pour se détendre quand il a cinq minutes à perdre. Oui Dux est comme ça et réussira à caser 5 grands écarts en 1h30. Rien que ça mérite d'être signalé. Toujours impeccablement coiffé, même en sortant d'une folle nuit d'amour, d'une gentillesse désarmante, muscles bandés, Frank Dux est le gendre parfait, même en slip rouge. 

Jackson (Donald Gibb) est Américain aussi. Mais il n'a visiblement pas été entraîné par un Japonais vénérable. Gros, barbu et chevelu, jeans et T-shirt Harley, portefeuille porté avec une chaîne et bière à la main, son truc c'est de la castagne de brute. Du genre à terminer ses combats par des coups de boule, à utiliser un langage châtié envers ses adversaires (« Enculé », « Relève-toi, pédé » ou le sublime « Toi le chimpanzé, remonte dans ton cocotier »). Dès les premières minutes à Hong Kong, il sympathisera avec Dux. Il est la deuxième lecture du scénario ; gravement blessé au cours de la compétition, il sera une nouvelle caution-combat pour Dux.

Chong Li (Bolo Yeung) est le méchant de l'histoire, comme dans Opération Dragon ou Double Impact. Il a vraiment tout du méchant : le regard du méchant, l'attitude du méchant, violent et méchant comme un méchant. En plus, il bouge les pectoraux comme pas deux. Pendant ses combats, les os craquent, les jambes se brisent et il est du genre à se marrer pendant que son adversaire meurt. Il fait peur à tout le monde, mais il est aussi le précédent vainqueur du tournoi. Du coup, il a une certaine cote au coup-mité. Particularité : il prononce 28 mots en tout et pour tout dans le film. 

Après la bête, voici la belle, un peu bête tout de même. Journaliste, parce que son « père était journaliste » et qu'elle « aimait bien écrire », Janice est l'atout féminité, la blonde aux yeux bleus typique des films des années 80. Elle est prête à tout pour faire un papier sur ce fameux coup-mité. Elle tombera amoureuse de Dux, aura peur pour lui. Bref elle ne sert à rien.

Un film de grande qualité

Qu'il est difficile de s'arrêter de parler de Bloodsport, tant il y aurait de choses à dire. La musique, par exemple, passe du bon Rock FM (ah le Fight to Survive de Paul Delph) à de la musique douce qu'on entend généralement dans les films érotiques. Du côté des combats, c'est à peine mieux; on se croirait à un concours de « je fais semblant de te toucher ». Mais c'est, comme souvent, du côté des dialogues qu'il faut se tourner pour toucher vraiment l'esprit du film. Morceaux choisis :

- Shingo, fils de M. Tanaka à Frank Dux : « T'as les yeux ronds, t'arriveras à rien » - dialogue entre Dux et M. Tanaka « Vous dormez, shidoshi ? ». « Tu dors souvent les yeux ouverts ? »
- Jackson à une Asiatique : « Hé, ma biche, ça te dirait de sortir avec un homme, un vrai ? Ben tant pis. A la tienne, Etienne. »
- dialogue entre un combattant et Janice : « Tu veux pas Hossein ? ». « Non, Hossein est trop con. »


Si l'on s'en tient au film de combat, Bloodsport a été largement dépassé depuis sa sortie dans les salles. Par contre, pour qui apprécie les nanars, ce film est un chef d'oeuvre : dialogues décalés, combats approximatifs, franchement connoté années 80, manichéisme tranché, tout y est.

Bloodsport est un monument, l'élément créateur de JCVD au cinéma.