3.5/10Blood & bones

/ Critique - écrit par Nicolas, le 23/07/2005
Notre verdict : 3.5/10 - Old Boy (Fiche technique)

La masse française a beau ignorer l'existence de Takeshi Kitano, le cinéaste japonais existe bel et bien aux yeux du cinéma, en tant qu'acteur et en tant que réalisateur. Habitué aux rôles plus légers (= comiques) concédés par la télévision japonaise, malgré un physique qui le prédestine à des rôles cinématographiques plus solides, il accepte dans Blood and Bones d'incarner le personnage principal, un monstre de violence et de cruauté, sous l'oeil inexpérimenté du réalisateur Yoichi Sai.

Au début du XXème siècle, le coréen Shunpei (Takeshi Kitano) rejoint le Japon en imaginant y faire fortune. Un but qu'il atteindra par la violence, imposant la terreur dans les esprits de sa femme, de ses enfants, de ses employés, et de toutes les personnes qu'il croisera dans sa vie...

Blood and Bones n'est pas réellement un film de psychologie ou de sociologie, comme l'on pourrait l'imaginer. Il fait partie d'une catégorie qui, à mes yeux, a tout pour être contestée par le malaise qu'elle procure et généralement par l'absence de pertinence de son propos. Car ici, le choc émotionnel provoqué n'est pas traduit des images, mais des actes en eux-mêmes. En somme, imaginez un type lambda ou presque, un coréen, d'une cruauté verbale et physique envers son entourage, sans une once de psychologie, de sens, ou de but dans sa recherche de la violence. Viols, bastons, insultes, pleurs, égocentrisme, recherche de pouvoir et d'argent. Un monstre à l'échelle humaine, dépeint sur plus de 140 minutes, où s'alternent hurlements, femmes battues, et décès. Le genre de film à ne pas s'empiffrer les soirs de morne moral. Le pire dans tout ça, est que cette bestialité est non seulement le sujet du film, mais aussi son prétendu intérêt. L'intrigue ne sortira pratiquement jamais de son quartier, ne montera jamais en puissance, pourra choquer à plusieurs reprises sans forcément faire prendre conscience de quelque chose. Juste le choc. Même le contexte historique, l'annexion de la Corée par le japon, passe au second plan en quelques minutes pour ne jamais vraiment reprendre le devant de la scène, considéré plus comme un élément de repère que comme un sujet ou niveau de lecture potentiel.

Un film d'une épaisseur incertaine, complètement porté par un Kitano d'une méprisable justesse. L'absence de sens et de synthétisme, la durée vraiment trop importante, grèvent un film déjà doté de peu d'intérêt, à moins d'avoir envie d'haïr quelqu'un pendant deux heures.