5/10Black sheep

/ Critique - écrit par Lestat, le 21/03/2008
Notre verdict : 5/10 - Moutons mutants (Fiche technique)

Tags : black sheep liquides green liquide mouton noir

Des moutons carnivores ! Que dire de plus ?

Bèèèèèèèè ! Qu'on les saute, les compte ou les mange, les moutons sont mignons. Comment ne pas succomber face à ces paisibles pelotes de laine ambulantes sur pattes, dont le seul tort est parfois de bloquer quelques routes ? Et puis c'est pas contrariant un mouton, un bon coup de pied dans l'arrière-train et ça repart brouter. Pour autant, aussi placides soient-ils, les moutons ont inspiré assez tôt le cinéma. Une scène coupée du Nosferatu de Murnau nous montre ainsi un innocent herbivore victime du Comte Orlock. On déplorera par ailleurs la frilosité des éditeurs DVD, qui n'ont pas jugés bon de réintégrer cette séquence essentielle dans les bonus de leurs galettes, séquence pourtant primordiale pour la continuité du récit. Les moutons de Nouvelle Zélande en revanche ont oublié d'être bêtes : suite à une manipulation génétique foireuse, voici qu'ils se mettent à dévorer des gens. On connaissait les vaches carnivores et les poulets tueurs, voici donc les ovidés cannibales, une idée iconoclaste qui place le film au rang de précurseur, quand bien même l'on se rappellerait du somptueux Les Moutons nosferatu_cut_2_250
Nosferatu - scène coupée
Maléfiques
(Tod Browning, 1928), qui en son temps montrait Lon Chaney attaqué par ses propres créatures dans un final anthologique.

Black Sheep, signé du nouveau venu Jonathan King, ne révolutionne pourtant en rien le genre du film d’horreur-fermier : un peu d'Isolation, beaucoup de Dead Meat, une louche de Bad Taste, une poignées de ruminants bêlant, une pincée de Nuit des Morts Vivants, on touille et hop, voila le film. Film qui a néanmoins pour lui quelques particularités attachantes. Ainsi, l'idiotie générale s'avère plutôt communicative, les dialogues sont à la hauteur du sujet ("Oh ! Un mouton !"), l'humour se montre particulièrement kollossal (héhé, des moutons qui pètent !) et il y a fort à parier qu'en cent ans de cinéma, personne n'avait jamais repoussé un mouton-garou avec de la sauce à la menthe. Le gore, un peu rare mais rigolo, est concocté par Weta, la boîte de Peter Jackson et l'ensemble transpire une fanattitude plaisante quoique quelque peu envahissante.

Malheureusement, et au delà de toute la tendresse que l'on peut ressentir pour lui, Black Sheep ne fait pas illusion longtemps. S'essoufflant, manquant de rythme et voyant la plupart de ses scènes folles tomber à plat, Black Sheep fait souvent l'effet d'une comédie balourde et assez ennuyeuse, traversée il est vrai d'éclairs de génie assez réjouissants. A l'image des bêtes chargeant en rang serré vers un meeting d'industriels agroalimentaire, qui seront décimés dans une hilarante pluie de boyaux. C'est cependant la mort dans l'âme qu'il faut reconnaître que Black Sheep, tout sympathique qu'il est, est raté et ne propose pas davantage que son sujet qui aurait pu déboucher sur quelque chose d'autrement plus jubilatoire. Comme la chair est faible, aux quatre points objectivement attribués au film, se rajoute un point supplémentaire accordé à la craquante petite écolo répondant au doux nom d'Expérience (les dames, elles, pourront accorder ledit point à un grand Maori aux blagues épaisses). Ce qui nous fait un joli cinq tout rond, en attendant le prochain film de Jonathan King, qui ne peut être que meilleur. Après tout, Bad Taste non plus, ce n'était pas fameux...