6.5/10Benjamin Gates et le livre des secrets

/ Critique - écrit par Nicolas, le 08/01/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Secret History (Fiche technique)

Tags : secrets gates benjamin film disney national treasure

Contre toute attente, Benjamin Gates s'exporte et sort des Etats-Unis, en 2004. Les grands élans patriotiques, on n'en avait probablement pas vu autant dans un même film depuis l'attaque des aliens tueurs d'Independence Day, et encore. Pourtant, le film plait aux masses, grâce notamment à un méticuleux cocktail entre faits et babioles historiques, et délires scénaristiques plus ou moins crédibles. « Ca rapporte des pépettes », comme on dit dans le milieu, et il n'est donc pas étonnant de voir débouler une suite avec un nom fleurant bon le marketing (trésor, templier, secret, tout ça, sont des mots depuis longtemps reconnus d'utilité générale). Moins surprenant encore, l'intégralité du casting du premier volet est de retour, l'esprit alerte, prêt à briser les traditions et à aller contre le bon sens commun pour la gloire de la nation. Pour quelle cause ? Faire un Benjamin Gates 2, un vrai, un épisode calqué sur le premier qui vous fera tourner quelques pages d'histoire pour se terminer plus ou moins comme le premier. C'est ce qu'on appelle une suite standard, et même parfois une suite commerciale.


"Un déchet de plus d'un million d'années,
nous sommes riches !"
Mais cette fois, Gates ne restera pas profondément ancré dans sa patrie natale, même si l'essentiel de son intrigue s'y déroulera. Un petit crochet par Paris et par Londres fera voir du pays, même si cela restera qu'un petit voyage touristique comparé aux lieux mythiques abordés en Amérique du Nord. Les auteurs avaient déjà imaginé le sacrilège ultime que fut le rapt de la déclaration d'indépendance, visiblement ils n'ont pas pu trouver mieux et ont préféré jouer sur la quantité plutôt que sur la qualité. Tout y passe : Buckingham Palace, le Président des Etats-Unis (Bruce Greenwood, deuxième interprétation de ce rôle), le Mont Rushmore, et même le Bureau Ovale. Les acteurs transpirent de respect, répriment l'envie de se frotter aux canapés, et soupirent en pensant à tout ce qui est arrivé en ces hauts lieux d'estime pour leur patrie. Les effluves patriotiques sentent fort, certes, et comme ce fut le cas pour le premier, certains pourraient exprimer des nausées de dégoût, mais il faut parfois occulter les penchants artistiques de certaines personnes pour  consacrer son attention au travail accompli. Car Benjamin Gates le retour s'aligne tellement bien sur son aîné qu'au final, le résultat n'est ni vraiment pire, ni vraiment meilleur. Certes, le film ratisse large dans ce que l'Amérique compte de légendes populaires, certes, les protagonistes font n'importe quoi avec une désinvolture qui n'a d'égal que l'ampleur de leurs objectifs, et certes, ces bougres d'amérindiens savaient comment agencer intelligemment leurs souterrains secrets et leurs pièges machiavéliquement imaginatifs. Mais pour deux heures de métrage, et pour autant d'inepties pas crédibles même pour un million de dollars, le film se laisse savoir et s'apprécie à sa juste valeur, c'est-à-dire comme un divertissement résolument tout public où fragments d'histoire côtoient le spectacle grand échelle. L'ensemble reste assez peu intellectuel, et citer Benjamin Gates dans une soirée mondaine comme une référence historique pourrait vous valoir de sérieuses moqueries et même parfois de sournois quolibets.

"Alors Chase, on part à la Chase au trésor ?"
Reconnaissons toutefois le savoir-faire académique de Jon Turteltaub, qui réalise un doublé impeccable à défaut d'être original dans son traitement. Ni trop rythmé, ni trop plan-plan, l'intrigue rebondit constamment par l'introduction de nouveaux éléments qui ne resteront pas mystérieux très longtemps, ou par la diffusion de petites blagues plus ou moins drôles. Remarquons d'ailleurs le retour très en forme de Justin Bartha, une nouvelle fois positionné en milieu de terrain comme amuseur et expert technique, tandis que Diane Kruger et Nicolas Cage continuent à étaler leur culture avec un sens de la démesure et un dédain presque odieux. Sur ce point, les personnages n'évoluent pas d'un poil, démarrent dans des circonstances plus ou moins semblables au premier opus (Benjamin et Riley sont potes, Benjamin et Abigail ne peuvent pas trop se blairer), et finront dans des circonstances plus ou moins semblables au premier. Le constat serait plutôt catastrophique si deux têtes d'affiche mirobolantes ne complètaient pas le casting, à savoir Helen Mirren et Ed Harris. Les deux acteurs, malgré des rôles très superficiels, rayonnent de leur présence par la simple force de leur jeu.

Benjamin Gates et le livre des secrets est une suite que l'on pourrait qualifier de scolaire, tellement la prise de risque artistique approche le zéro. L'appréciation se fera donc en fonction du précédent opus : vous avez apprécié le premier, vous apprécierez le second ; vous avez détesté le premier, vous détesterez le second ; vous vous fichez du premier, vous vous ficherez du second. Rendez-vous pour le trois, avec un peu de chance, je pourrais peut-être faire du copier coller avec cette critique.