8/10Australia

/ Critique - écrit par Guillaume, le 02/12/2008
Notre verdict : 8/10 - There is no place like home (Fiche technique)

Tags : australie australia films film france cinema paris

Baz Luhrmann, en compagnie de Nicole Kidman et Hugh Jackman, foule les somptueux paysages de l'Australie, terre d'amour, de défis et d'aventures.

Quand Baz Luhrmann, grand fan devant l'éternel des grands films hollywoodiens souhaite se lancer dans la mêlée et tenter, à son tour, de faire une œuvre qui datera, Australia voit le jour.
Non seulement le réalisateur met en scène sa terre natale, mais en plus il tente d'y amener l'amour et l'aventure à travers une fresque épique où les taureaux ont beau dos. On se souvient, en repensant à
Romeo+Juliette ou Moulin Rouge, qu'il est capable de surprendre et d'apporter un regard neuf sur des choses vieilles comme le monde.

Le pari reste cependant risqué, d'autant plus que le pitch initial du scénario, à savoir -une aristocrate un peu coincée (Nicole Kidman dans le rôle de Lady Sarah Ashley) débarquant en Australie - est très défavorable à appeler autre chose qu'une franche rigolade facile et malmenée.
Quand Hugh Jackman se mêle à la fête, en ayant pris soin d'oublier ses griffes (X-men) on demeure un peu éberlué et pas forcément confiant.

Finalement, après quelques minutes où l'on ne peut s'empêcher de voir arriver à grande vitesse la frontière séparant le drôle passager du ridicule éhonté, on souffle, heureux de voir que Baz maîtrise son sujet avec une certaine acuité.
L'aristo stéréotypée et le Drover (Jackman) - meneur de troupeaux de taureaux à travers l'Australie - se frottent et se piquent seulement le temps de laisser glisser un sourire, en évitant avec un soin presque appliqué d'en faire des valises. Le gros rouge qui tache est parfois plus léger qu'il n'y paraît.

Est-ce que Luhrmann a réussi son pari, c'est à dire faire un film qui sera tellement bien accueilli, tout en ayant un retentissement culturel certain, qu'il deviendra un grand classique ? C'est encore bien tôt pour le dire, tout comme je n'aurais jamais parié un kopeck sur Titanic en son temps.

Pour autant, Australia est bel et bien une grande fresque faisant appel à ce que l'on pourrait appeler une mémoire commune. Ne demandez pas pourquoi, mais les images parlent d'elles-mêmes. On se sent bien dans les paysages australiens, à suivre l'épopée du gars à cheval et de la fille plutôt raide.
Les nombreux clins d'œil appuyés au Magicien d'Oz sont autant d'appels à la nostalgie, tellement les images dudit film sont toujours aussi magiques, grâce à des couleurs étonnement somptueuses et pourtant décalées.
On se sent donc plutôt à l'aise dans Australia, en terrain connu, familier, alors même que tout est nouveau et plutôt inconfortable quand la guerre arrive ou que les machinations destinées à tuer font jour. 
L'image du Drover, faisant évidemment écho à celle du cowboy américain y est pour quelque chose, et renforce d'autant plus le côté grande épopée du voyage.

Quoiqu'il en soit, si jamais Australia se révèle n'être pas assez fédérateur pour prendre place aux côté de Titanic, Lawrence d'Arabie ou encore Ben Hur, on ne pourra pas dire que c'est un manque de talent de la part de Luhrmann qui dévoile ici toutes ses cartes en jouant celle du genre à fond.

Peut-être le tout n'est-il pas assez larmoyant, ou plus simplement emphatique, bien que l'amour soit omniprésent, que ce soit à travers l'idyle principale ou la relation mère-fils qui s'instaure entre Sarah et Nullah (Brandon Walters). On ne s'ennuie pas un instant dans ces décors somptueux où la photographie, magique, accepte sans mal la prestations des acteurs, tantôt drôles, tantôt émouvants, mais jamais cabots.

On restera tout de même dubitatif sur le montage très strict du film qui le découpe en deux entités presque distinctes ; à tel point qu'on se demande pourquoi Australia, qui dure près de 2h35, n'est pas sorti en deux épisodes, quitte à ajouter quelques scènes supplémentaires.

Entre chants aborigènes et poésie des noms, difficile de ne pas apprécier un tant soit peu la poésie des images. Si "Faraway Downs" résonne agréablement à vos oreilles, c'est déjà cuit !