6.5/10L'armée des morts

/ Critique - écrit par Kassad, le 02/07/2004
Notre verdict : 6.5/10 - L'armée des remakes compte un nouveau soldat (Fiche technique)

L'armée des remakes compte un nouveau soldat

C'est bien connu, les zombies ne peuvent pas mourir vu qu'ils sont déjà morts. En serait-il de même pour les films de morts-vivants ? L'Armée des morts, remake assumé (de nombreux clins d'oeil parsemés le long du film le prouvent) du fameux Zombie de Romero, semble le prouver. Bref, parler de cinéma de genre n'est en l'occurrence pas usurpé. Je rappelle le scénario pour les non-initiés de ce sous-genre cinématographique : un jour en se levant le héros, en l'espèce une héroïne fort mignonne (Sarah Polley aperçue notamment dans De Beaux Lendemains et eXistenZ), se retrouve entourée par des monstres qui ne cherchent qu'à la croquer. Ses plus proches parents et amis sont devenus des zombies aussi méchants que débiles. Une simple morsure et vous êtes contaminés. La seule solution consiste à rechercher des lieux sûrs en compagnie de personnes saines. Dans L'Armée des morts, Ana, après avoir échappé de justesse à son mari et à sa petite voisine se retrouve en compagnie d'un petit groupe de survivants dans un gigantesque centre commercial assiégé de toutes parts par les morts-vivants.

Je ne critiquerai pas ce film par rapport à ses prédécesseurs. La seule chose que je dirai sur ce plan est qu'à mon sens il est nettement moins réussi qu'un autre film zombiesque du troisième millénaire : 28 Jours plus tard. Je me contenterai de l'aborder comme un film d'épouvante en tant que tel. Les premières dix minutes sont bien menées : une présentation en douceur de l'héroïne avec juste ce qu'il faut d'éléments annonciateurs (une personne mordue à l'hôpital, des flashs télé et radio coupés au bon moment). Le contraste n'en est que plus fort avec un réveil en fanfare et une plongée en enfer sans transition : le mari d'Ana lui fait un bisou puis meurt, puis ressuscite, puis tente de la dévorer le tout en moins d'une minute trente. Les premières scènes sont dès lors impressionnantes : une banlieue américaine à feu et à sang, des explosions, des incendies et des carnages un peu partout. Le tout forme une belle peinture de fin du monde.

Malheureusement le film ne tient pas sur la longueur. La principale critique que j'ai à son égard est l'utilisation trop fréquente de coupures franches entre les scènes alors que l'action n'est pas finie. Cela commence par l'entrée dans le centre commercial : ils sont dehors et hop, une seconde plus tard, ils sont dedans sans qu'on ne sache comment ils ont fait, par où ils sont passés et pourquoi les zombies n'auraient pas pu en faire autant. Lors d'une autre scène c'est encore pire. Un camion de survivants s'approche du centre commercial. Pour les sauver, nos survivants tentent une sortie. Ils arrivent à récupérer les deux personnes de la cabine. Ses dernières leur apprennent alors qu'il reste six passagers sains dans le camion. Coupure et comme par magie les six personnes sont sauvées on ne sait par quel miracle... Je pourrais multiplier les exemples où le metteur en scène s'épargne du travail de cette manière. Qu'on me comprenne bien, je ne veux pas faire un procès du type : cette scène n'est pas crédible car en vrai patati patata... La licence poétique existe, et si on part sur ce chemin glissant alors le film en entier n'est pas crédible et il ne reste plus rien à dire. Cependant ces coupures sont vraiment dommageables pour l'unité du film. On passe sans transition d'une situation non résolue (par exemple la sortie de l'armurerie en direction des égouts qui a dû se faire par téléportation à moins que je n'ai raté un épisode) à une situation de calme où tout va bien.

Il faut le reconnaître ce scénario est en or massif : une armée de zombies débiles à l'attaque d'un centre commercial. On imagine bien tout ce qu'on peut broder sur le thème de la société de consommation avec un canevas pareil. D'ailleurs, Zack Snyder ne s'en prive pas et on a droit à quelques scènes bien senties sur tout ce que l'on peut faire dans un temple de la consommation. Quelques répliques sont elles aussi bien envoyées notamment celle où C.J., un vigile du centre, annonce contre tout bon sens (pendant qu'il parle un shérif explique à la télé comment tuer un zombie alors qu'il se trouve en plein chaos) que "l'Amérique finit toujours par nettoyer ses merdes". Mais là encore j'ai ressenti un manque de "liant" entre ces différentes idées. Finalement, le thème le plus important qui est celui de la destruction progressive et inéluctable de l'humanité, y compris pour les personnes encore saines obligées de tuer à tour de bras, est un peu expédié. On a tout de même droit à un mini cas de conscience sur "doit on le tuer ou pas" et aussi à une séance de tir sur zombie en même temps amusante et glaçante d'effroi (on se demande si les survivants sont encore des hommes et pas plutôt des animaux).

Finalement, je classerai ce film comme un bon film d'été, du type que l'on va voir une après-midi de canicule pour se changer les idées. Pas un chef-d'oeuvre, un peu mieux qu'une série B mais pas tant que ça...