7.5/10Arirang

/ Critique - écrit par riffhifi, le 15/05/2011
Notre verdict : 7.5/10 - Ire de hareng (Fiche technique)

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Cannes 2011 : Un Certain Regard. Kim Ki-Duk, que d'aucuns croyaient mort, revient avec un film... très expérimental ! Du fond de son cabanon, il analyse sa carrière et sa vie en solitaire.

En 2008, Kim Ki-duk réalisait Dream (sorti en France en 2010), son quinzième long métrage en douze ans. Depuis, on n'avait plus de nouvelles du réalisateur coréen, au point que certaines rumeurs le déclaraient mort. D'autres prétendait qu'il s'était coupé du monde, et vivait comme un reclus en picolant toute la journée. Arirang confirme cette deuxième hypothèse...

Arirang
Peintures de Kim Ki-dukUtilisant une simple caméra vidéo, Kim Ki-duk se filme. Il n'a pas d'équipe de tournage, pas d'acteur, rien, nib de nib. Sur le dossier de presse, la fiche technique liste consciencieusement son nom à tous les postes : réalisateur, scénariste, monteur, monteur son, acteurs (sic), productrice (re-sic). Rien à voir avec les "vrais films" qu'il a tournés jusqu'ici. Arirang n'a pas de budget, c'est un film autoportrait, à la portée technique de presque n'importe qui. Et au vu des premières scènes, qui montrent le cinéaste dans les moments les plus triviaux de sa vie quotidienne (se lever, manger, nourrir le chat - ah oui zut, il y a donc deux acteurs), on pourrait craindre de s'emmerder ferme durant les 100 minutes qui s'annoncent. Heureusement, il ne s'agit que de l'introduction d'une introspection sévère. Prenant son courage à deux mains, Kim Ki-duk se dédouble à l'écran (sans effet spécial, c'est juste un exercice de style) et s'interroge sur les raisons qui l'ont poussé à se retirer du monde du cinéma, et du monde tout court. On réalise d'ailleurs que les deux reviennent au même pour lui, et que le fait de reprendre la caméra lui vient d'un besoin vital. En se demandant pourquoi il ne fait plus de films, il est justement en train d'en faire Arirang
A nouveau à pied d'oeuvre
un, et ce paradoxe l'emmène dans de curieuses considérations qui lui permettent de trouver à tâtons les contours de ce qu'on appelle le cinéma.

Inévitablement tourné vers le nombril de son auteur, Arirang dresse son CV exhaustif, mais porte également un regard distancié sur la reconnaissance que lui ont value ses oeuvres. Remerciant les festivals qui l'ont découvert, il essaie de remettre à sa place son travail, et son existence même, dans l'univers où il n'est finalement qu'une particule. Philosophie facile, certes, mais teintée d'un désespoir goguenard qui entraîne Kim Ki-duk dans un final surprenant : des dernières scènes, faut-il conclure que tout ce qui précédait n'était que chiqué ? En tout cas, le propos que l'on retient du film (documentaire ? drame ?) est rassurant pour les amateurs : Kim Ki-duk a toujours faim de cinéma.