5/10L'antidote

/ Critique - écrit par weirdkorn, le 30/03/2005
Notre verdict : 5/10 - Placebo (Fiche technique)

Il n'existe pas de recettes miracles pour réaliser un bon film, juste quelques antidotes pour le rendre digeste et éviter un massacre. L'antidote ressemble à ça. Voilà un titre bien choisi pour un film moyen ne devant son peu d'intérêt qu'à quelques astuces efficaces déjà vues ça et là. La nouvelle production de Christian Fechner, synonyme de comédie familiale à gros moyens, réunit un beau casting avec Christian Clavier et Jacques Villeret dans des rôles conçus sur mesure. Mais apparemment on n'a pensé qu'à ça.

Jacques-Alain Marty est un PDG d'une très grande entreprise et va bientôt tenter un gros coup dans le monde des affaires. Toute ressemblance avec J2M ne serait pas fortuite. Pour cela il faut que tout soit parfait mais l'homme a des problèmes. Il bafouille et transpire abondamment, ce qui peut s'avérer gênant niveau communication. Après avoir consulté un psychologue miraculeux, celui-ci lui dit que tout vient de troubles vécus dans son enfance et que la seule façon d'en guérir est de trouver son antidote qui peut être une chose, un objet, un animal, continuez la liste. Il se trouve que le remède miracle se nomme André Morin, petit comptable occupé par les cours de la bourse et par ses poissons.

Les relations entre un homme du peuple un peu simple et un homme de la haute pas vraiment agréable, cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Si, le dîner de cons, cette brillante comédie aux situations savoureuses. Dans l'esprit, l'antidote est la version n°2. On garde Jacques Villeret et on remplace Thierry Lhermitte par Christian Clavier en mode Jacquart. On perd au change, et pas qu'un peu, comme pour tout le reste. Le film essaie de copier tant bien que mal son aîné mais avec des résultats moins probants. On garde les répliques basées sur l'incompréhension (vous connaissez Juste Leblanc) qui sans être aussi subtiles réussissent tout de même à faire sourire. Un effort a tout de même été effectué sur les dialogues, notamment autour de la sémantique poisson/océan. "On investit avec quels fonds ? Avec les fonds marins !" Il faut reconnaître qu'elle est bonne. Les personnages sont également moins bons. André Morin n'est pas François Pignon puisqu'il est intelligent, enlevant ainsi le côté idiot, innocent et comique qui s'en dégageait. Il n'empêche que la performance de Jacques Villeret est toujours aussi bonne. Quant à Christian Clavier, il en fait souvent de trop et pourrait bafouiller de meilleure manière.

Sorti du contexte du dîner de cons, le film ne possède rien de bien méritant. Les scènes comiques n'ont rien d'originales, copiées un peu partout, notamment sur Astérix, reprenant presque mot à mot les dialogues d'Obélix et compagnie. Le film tombe même par moment dans les travers du genre à la française avec du n'importe quoi pas drôle (voir le plâtre et le frère). Le scénario est tiré par les cheveux, avec des jeux de vente / revente obscurs (ou alors, fait probable, je ne comprends vraiment rien au monde de la finance) et aurait pu être raccourci. Quelques seconds rôles comme Alexandra Lamy, Annie Grégorio ou François Morel réussissent tout de même à retenir l'attention.

Il ne suffit pas de réunir deux grands acteurs populaires et d'écrire deux ou trois bons mots pour faire un grand film. L'antidote n'ennuie pas mais ne séduit pas non plus. Plus cohérent et davantage comique, il aurait été d'un niveau tout autre.