7.5/10American Dreamz

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 07/06/2006
Notre verdict : 7.5/10 - TV pro (Fiche technique)

Tags : film american dreamz weitz paul comedie critique

Drôle, sarcastique, satirique et pertinent, American Dreamz propose une critique mordante de l'Amérique du Nord. Pour son cinquième film, le décidemment très surprenant Paul Weitz emporte le spectateur entre rire et réflexion. Tout le monde en prend pour son grade : le président des Etats-Unis, la télé réalité, les terroristes islamistes mais surtout le téléspectateur, avide de célébrité.

"American Dreamz", c'est le nom de l'émission de télévision la plus regardée du pays. Conduite avec brio par Martin Tweed (Hugh Grant), un animateur-producteur sans aucun scrupules, le programme, à peine une caricature de American Idol, attise les foules. Tout le monde veut profiter du pouvoir d'exposition de ce formidable instrument médiatique. En chute libre dans les courbes de popularité, le président (Dennis Quaid) accepte de faire partie du jury final du jeu pour redorer son blason. Sally Kendoo (Mandy Moore), jeune et belle américaine de classe moyenne, est prête à tout pour arriver à la célébrité. Omer Obeidi (Sam Golzari), terroriste maladroit et malgré tout en devenir, se retrouve embarqué d'anéantissement qui le dépasse...

Avec son dernier long métrage, Paul Weitz écrit et réalise une nouvelle fois un film étonnant. Après En Bonne Compagnie l'année dernière et Pour un Garçon en 2002, l'américain confirme sa singularité dans la production de films à la fois divertissants et intelligents. Magnifiquement interprété par tous ses acteurs, American Dreamz constitue un délice de railleries en tous genres. Dennis Quaid y démontre une nouvelle fois son énorme capital sympathie. Hugh Grant est délicieux d'hypocrisie et de déprime silencieuse. Mandy Moore, récemment appréciée dans la série Entourage, y exprime son talent de chanteuse et surtout d'actrice. Willem Dafoe, en premier conseiller, trouve ici un rôle qui lui permet pleinement d'exercer ses talents comiques. Sam Golzari, probablement la révélation comique du film, qui rappelle physiquement un certain Brendan Fraser, dynamite certaines scènes à la poudre burlesque. Ses scènes de danse sont tout bonnement hilarantes.

Avec humour et en tapant sur tout le monde (comme les créateurs de South Park savent si bien le faire dans leurs oeuvres), American Dreamz critique les lieux communs que sont devenus la politique de guerre américaine et le terrorisme international. Mais plus que tout, le film s'en prend à la célébrité. A ce désir absolu caractéristique de la fin du XXème siècle et surtout du XXIème. Weitz démontre que parvenu à ce rêve de popularité impérieuse, l'individu est confronté à la fausseté des relations de l'environnement, aussi bien professionnel que familial. Il note aussi la cruauté d'un milieu culturellement creux, standardisé, baignant dans l'argent et le divertissement décérébré. Si le film s'égare parfois dans quelques temps morts, le final apocalyptique et terriblement ironique vise juste. Le propos caustique étant loin d'être révolutionnaire, il est vivement enrichit par la réalisation propre et le parti pris d'amuser plutôt que de se prendre au sérieux.

Au final, certains garderont un goût amer devant une fin qui montre logiquement que ce type d'émission a encore de beaux jours devant lui. D'autres ne retiendront que les gags bien sentis qui ne font pas dans l'exclusivisme.