Stay
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 26/07/2006 (Tags : stay anglais have staying been film you
A l'Ombre de la Haine (2001) constitue le point de départ de la notoriété cinématographique de Marc Forster, qui se soldera par l'oscarisation de Halle Berry en premier rôle féminin. Si le film qu'il tournera ensuite, Neverland, se tournera plus dans la mélodramatique d'une relative qualité, il renoue avec le thriller en réalisant Stay, un film peu médiatisé mais surprenant à bien des égards.
Sam Foster, psychiatre, prend en charge le suivi d'Henry Letham, un jeune homme dépressif plein de surprises. Celui-ci, lors d'une séance, annonce au docteur qu'il compte mettre fin à sa vie dans trois jours. Décontenancé, avide dé vérité, Sam s'investit corps et âme dans l'étude de son patient, et perd peu à peu le contact avec la réalité...
Difficile de décrire Stay sans analyser des points de l'intrigue ou commencer par son dénouement, mais si ce dernier ne représente au bout du compte qu'une information de décodage (que certains pifferont à quelques kilomètres) plutôt qu'une finalité. Ici, tout réside dans le traitement plutôt alambiqué que souhaitait attribuer Marc Forster au scénario, une volonté de dérouter qui se retrouve dans la mise en scène, dans le montage, et dans le jeu des protagonistes. La résultante de tout ça : un puzzle onirique, psychologique, que le spectateur devra observer dans les moindres détails pour en distinguer l'étendue de sa portée. Malheureusement, impossible de véritablement s'approcher de la vérité en une seule séance, ce qui relègue Stay au rang des films qu'il faudra voir au moins une seconde fois pour alimenter le débat entre amis cinéphiles. Et même dans le cas d'une autre séance, il sera probablement inconcevable de répertorier les détails de récurrence (qui ponctuent le film de manière systématique), les éléments sous-jacents au comportement des personnages, les incohérences géographiques (pour les admirateurs de New York), et la pertinence du travail de Forster, qui multiplie les raccords de haute volée tandis que la photographie du film évolue avec son intrigue (le film commence de jour, il se termine de nuit). Fidèle à eux-mêmes, Ewan McGregor et Naomi Watts livrent une performance sans fausse note, et tiennent tête au discret Ryan Gosling qui se montre indubitablement dans son élément, fort d'une interprétation tantôt touchante tantôt déroutante.
Entre thriller psychologique et film expérimental, Stay montre une nouvelle fois qu'avec un sujet pas mal rabâché, le cinéma hollywoodien peut faire de très belles choses. Incontestablement, la réalisation et la patte artistique de Marc Forster sont les éléments déterminants de la réussite du film, même si celui-ci n'est certes pas accessible à tous les publics.