Le Pôle Express
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 03/12/2004 (Tôle express
Mais où est allé s'aventurer Robert Zemeckis ? On connaît ses penchants pour les nouvelles technologies et les prises de risques (les effets spéciaux de Retour vers le Futur, les cartoons de Qui veut la peau de Roger Rabbit ou la vie de Robinson Crusoé dans Seul au monde) mais il n'était pas obligé d'aller si loin. Dans le Pôle Express, le réalisateur a opté pour ce que l'on fait de moins inspiré niveau technologique actuellement, à savoir la 3D réaliste, mais aussi ce que l'on peut faire de plus gentillet niveau histoire avec celle de l'esprit de Noël.
Le Pôle Express est tiré d'un conte du même nom, très célèbre outre-atlantique. Un petit garçon ne croit plus au Père Noël (le vilain) et c'est la consternation. Le soir du réveillon, il se couche après avoir bien pensé à laisser sa chaussette, ses souliers ainsi que des biscuits et un verre de lait pour son Père Noël préféré (bien que celui-ci préfèrerait une bonne bière selon le père de Calvin) mais le coeur n'y est plus. Il se permet même d'émettre ses doutes à sa petite soeur (le très vilain pas beau). Heureusement (pour lui, pas pour nous), un train venu de nulle part s'arrête devant chez lui afin de l'emmener au Pôle Nord et lui faire retrouver ses croyances perdues. En plus, le contrôleur ressemble à Tom Hanks moustachu, si ça ne fait pas confiance...
Vous l'aurez compris, le Pôle Express est à réserver à un public bien précis : les enfants de moins de six ans. Les autres, en particulier les parents accompagnant leurs chères têtes blondes, se verront souhaiter bon courage. Parce que ce n'est pas seulement le scénario, pauvre, simpliste et mièvre, qui pose problème. Les choix graphiques sont aussi fortement discutables. Après Final Fantasy, le Pôle Express prouve que les personnages numériques se voulant réels sont de bien mauvais acteurs avec leurs grands yeux vides et leurs expressions caricaturales. Les mouvements des vêtements ou des déplacements ne sont pas non plus au point. Les décors, sans atteindre la beauté des Indestructibles, sont par contre nettement plus réussis tout comme deux ou trois plans sympathiques. Cela pourrait passer avec une histoire potable mais le film se vautre lamentablement dans cet exercice, tel un patineur ayant tenté un triple axel sans patins.
Soit, le Pôle Express est un conte pour enfants traitant de l'esprit de Noël mais qu'il soit à ce point lisse et gentillet tient de l'exaspérant. Monsieur Zemeckis, un peu de deuxième degré aurait été bien venu, vous connaissez le sujet pourtant. Les situations, à force d'être moralistes et enfantines finissent cependant à faire rire et le côté humour involontaire prend vite le dessus devant tant de mièvrerie.
Le Pôle Express est un joli conte destiné à faire rêver les jeunes enfants. Le niveau de lecture se révèle par contre vite limité par un scénario qui l'est tout autant et les adultes resteront de marbre. Subsiste une question : fallait-il en faire autant graphiquement ? Pour la même morale, trois marionnettes et un bout de ficelle auraient pu suffire. Le flop financier est parait-il très important. Les noms de Robert Zemeckis et de Tom Hanks ne sont pas forcément un gage de succès et la Warner risque de s'en mordre les doigts encore longtemps.