Les particules élémentaires
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 03/09/2006 (
Les Particules élémentaires, adaptation du roman du même nom, confirme qu'il est très difficile de transposer sur grand écran un livre de Michel Houellebecq. En 1999, malgré la participation de l'écrivain français au scénario de la première adaptation cinématographique (L'Extension du domaine de la lutte), le film de Philippe Harel ne parvenait qu'à effleurer l'intensité du livre. Avec cette nouvelle transposition d'une oeuvre de Houellebecq, c'est la même sensation de frôlement qui apparaît.
Le film de Oskar Roehler parvient à retraduire certaines ambiances du roman (surtout dans les aspects pervers et acerbe du personnage de Bruno), mais sans réussir pour autant à en extraire toute la profondeur et l'abondance de réflexions. Conséquence directe, le long métrage semble bordélique, inégal et au final plutôt décevant. Entre les histoires assez pathétiques de deux demi frères perdus, celle de Bruno prend rapidement le dessus sur celle de Michael. Bruno, magistralement interprété par le décidemment brillant Moritz Bleibtreu (L'Expérience), reflète parfaitement les fantasmes d'un obsédé triste. Certaines scènes, où ses désirs franchissent la barrière de l'affligeant, dégagent une force et des aspects comique non négligeables. Il suffit parfois à Moritz Bleibtreu d'un mouvement de lèvre ou d'un regard pour déclancher un rire ou faire frissonner de désespérance. En face, le personnage du mathématicien Michael (Christian Ulmen) apparaît bien trop calme et réservé pour donner de la profondeur à l'importance de ses travaux. La somme de ses non-dits le dessers. Dans les deux cas, une narration quasi omniprésente aurait pu donner plus de cohérence à l'ensemble et rassembler plus de pensées présentes dans le roman.
Si l'on accepte assez facilement que l'adaptation s'écarte du roman, ce Particules élémentaires donne tout de même beaucoup d'importance aux histoires d'amour. Le réalisateur a clairement souhaité insuffler un peu d'espoir dans le couple. Le ton original, déprimé, sombre et choquant de l'auteur s'en voit donc largement diminué. Peut-être que la prochaine adaptation de Houellebecq, La Possibilité d'une île, réalisée par son auteur, aboutira enfin à un résultat proche de l'oeuvre sur papier.