Lord of War
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 05/01/2006 (Tags : film war lord armes niccol andrew yuri
Andrew Niccol ne sort pas souvent de nouveaux films et il ne faut assurément pas passer à côté. Scénariste de Truman Show, réalisateur et auteur de Bienvenue à Gattaca et Simone, revoilà un des surdoués du 7ème art dans Lord of war, un brûlot contre le trafic d'armes dont il a encore une fois assuré lui-même le travail d'écriture et de réalisation, et il assure toujours autant niveau scénario et mise en scène.
Ce film est avant tout construit comme un docu-fiction, une oeuvre documentaire sur les négociants d'armes basée sur un personnage qui aurait plus ou moins existé. Il s'agit de Yuri Orlov, un américain originaire d'Ukraine. Toutefois, même si cet homme a été créé à partir de la réalité, il est en fait inspiré de cinq trafiquants bien différents. Basé sur des faits véridiques que le réalisateur a su collecter au fil du temps, Lord of war veut se montrer réaliste et réussit à l'être, se faisant par la même occasion encore plus percutant.
Après Big brother et l'avancée technologique, Andrew Niccol s'attaque donc au monde du trafic d'armes et le fait avec grandeur. Racontée du point de vue du négociant (magnifique Nicolas Cage), l'histoire est froide et cynique, tranchant avec les habituelles gentillesses hollywoodiennes. Le héros est immoral, le sait mais ne peut s'empêcher de continuer son métier et il arriverait presque à nous convaincre de le laisser continuer. Le film est criant de vérité, à la fois cruel et édifiant, à se demander comment de telles pratiques peuvent exister et surtout être admises. A ce niveau, les Etats-Unis et les pays africains s'en prennent véritablement plein la tête.
En plus de disposer d'un scénario impeccable, parfaitement construit et disposant d'une vraie fin, Lord of War sait aussi se montrer irréprochable sur la mise en scène. Le réalisateur se permet de mêler effets de style et réalisme pour un rendu qui nous accroche à chaque instant. La scène d'ouverture vaudrait d'ailleurs le détour à elle seule et le reste ne démérite absolument pas. Encore une fois, on s'y croirait.
Quelques reproches peuvent toutefois être formulées mais ils ne sont que mineurs face aux points réussis. Les personnages secondaires se trouvent un peu trop en retrait avec une femme transparente (Bridget Moynahan) qui devrait plus souvent réfléchir sur la situation de son mari et un frère junky (Jared Leto) que l'on laisse souvent tomber en cours de route. Les dernières minutes manquent légèrement de rythme, ce que l'on pardonnera compte tenu des scènes précédentes. En fait, on aimerait connaître le travail de Yuri d'une façon plus concrète. On a du mal à croire qu'un seul homme puisse exécuter tout cela. D'un autre côté, on n'allait pas nous montrer comment organiser point par point un commerce d'arme, le but n'étant pas de former de nouveaux trafiquants.
Superbe démonstration technique et narrative du milieu du trafic d'armes, Lord of war est à la fois original, intelligent et brillant. Comme quoi écrire un pamphlet innovant est toujours efficace et d'actualité. Porté par un Nicolas Cage en très grande forme, le film permet de prendre conscience que pas mal de choses ne tournent pas rond sur cette terre et c'est déjà beaucoup.