Clean
Cinéma / Critique - écrit par Guillaume, le 17/09/2004 (Tags : clean nettoyage feminin film verb for francais
Lee est un grand artiste. La musique c'est son dada. Mais il sort avec Emily... une junkie qui le traîne sur une mauvaise pente et qui éclipse son génie. Tout le monde en a donc contre Emily : les journaux, l'agent de Lee, les parents de Lee...
Un soir, Emily et Lee se disputent. Tous les deux se shootent à l'héroïne dans leur coin. Mais cette fois-ci, Lee ne passera pas la nuit...
Emily est accusée d'avoir fourni la drogue. Elle paie sa dette en faisant 6 mois de prison. Quand elle sort, elle est devenue une paria. Elle découvre que les parents de Lee sont chargés d'élever son fils. Elle n'a plus le droit de le voir. Sauf si elle arrive à changer. A devenir clean !
Olivier Assayas délivre un film étonnamment plein de vie, de sens, et surtout d'émotion. Il parvient à éviter tous les clichés de la remontée des enfers de la drogue. Il présente une femme singulièrement courageuse, qui n'a plus qu'une seule raison de vivre, son fils... raison qui prend même le dessus sur sa fibre musicale et son égoïsme latent.
Maggie Cheung (Emily) a amplement mérité son prix d'interprétation féminine à Cannes. Elle est omniprésente à l'image, complètement dévoilée. Entre son inconsistance dure de droguée, puis sa rédemption progressive, elle émeut, sans jouer sur la pitié pure, mais en utilisant plutôt les ressources qu'elle est capable de développer face à toutes les difficultés. Un jeu parfaitement équilibré, oscillant entre la femme mise à terre, dont toutes les initiatives sont vouées à l'échec, et la remontée à la surface. Souvent filmé en gros plan, son visage est lourd de sentiments et toujours expressif. Elle est perdue mais cherche à tout faire pour retrouver un peu de lumière.
Nick Nolte, quant à lui, nous éblouit par son empathie et sa sympathique tristesse. Extrêmement crédible, il assoit complètement le film grâce à son rôle de Beau-père et grand-père lucide, ne se faisant plus d'illusions sur la vie. Son visage, sillonné et mal rasé est un délice pour la caméra, qui le lui rend bien. Personnage secondaire, il emporte parfois la vedette par son, attitude de bon samaritain supplicié.
Et au dessus de ces personnages, il y a, en trame de fond, le monde de la musique rock, ses excès, son entraide. La musique est ici synonyme d'avancée dans l'intrigue. Les désillusions l'accompagnent parfois, avec un Tricky jouant son propre rôle qui est franchement égoïste, mais aussi les bonnes surprises, comme cette femme sortie de prison qui veut qu'Emily chante sur ses compositions, ou encore Elena (Béatrice Dalle) qui l'aide et l'héberge à Paris.
Le rock recouvre le film. Dans le sujet bien sûr, mais aussi dans la forme. La bande son est splendide, et se mêle souvent au scénario, par l'entremise de concerts, d'enregistrements de disques, d'écoute de maquettes.
Clean est une oeuvre très forte qui évite avec grâce la psychologie facile et le larmoiement outrancier en faisant le choix de la sincérité. Subjuguant !