2/10Beowulf

/ Critique - écrit par Nicolas, le 04/10/2003
Notre verdict : 2/10 - « Mon film aussi, il est damné. Hin hin hin. » (Fiche technique)

Tags : beowulf grendel poeme roi heros siecle hrothgar

« Mon film aussi, il est damné. Hin hin hin. »

« - Détachez-la.
- Elle est de l'avant-poste. Le mal a infesté l'avant-poste. Personne ne réussit à échapper à cela.
-
(Ecartant sa cape pour montrer ses deux grosses arbalètes) J'ai dit : Détachez-la. »

Sur ces douces répliques voluptueusement rédigées, entre en scène un personnage haut en couleurs qui ne pouvait que rester dans les annales des incarnations de Monsieur Christophe Lambert : Beowulf. Beowulf le damné. Beowulf l'enfant métisse entre le seigneur de la destruction Baal et une pauvre humaine qui bien dû le sentir passer. Beowulf, ou l'histoire d'une crise de rire post-« Batman & Robin » qui scellerait à jamais mon attrait pour l'univers du navet rigolo. Les Maîtres de l'Univers (Dolph Lundgren, magnifique), Battlefield Earth (John Travolta, magnifique), Universal Soldier 2 (Jean-Claude Van Damme, magnifique), la liste des nanars est longue et pourtant aucun ne pourra jamais remplacer Beowulf au panthéon ancestral des soupes cinématographiques.

Beowulf (Christophe Lambert) est donc un damné, mi-humain mi-démon. Son ambiguïté intérieure le pousse inlassablement à faire le ménage parmi les entités démoniaques qui épouvantent le monde, une société imaginaire plantée dans un univers médiéval/post-apocalyptique. C'est ainsi qu'il s'enferme de lui-même dans un château assiégé, pour combattre une créature qui décime chaque nuit trois ou quatre pèlerins de ladite cité.

Et c'est le début d'une longue série d'affrontements qui ne trouvera aboutissement que par l'explosion la plus laide du monde, toute époque confondue. Entretemps, le monstre en question s'amuse comme un petit fou avec les pensionnaires du loft médiéval le plus fashion du moment, réduisant petit à petit le nombre de bouches à nourrir pour le plus grand bonheur (?) du seigneur des lieux. Justifié par un scénario somme toute pas trop pitoyable si nous avions eu affaire à un épisode d'une quelconque série télé, l'hideuse créature rencontre bientôt un adversaire de taille : Beowulf et sa grosse épée. Car le guerrier, ce « damné » tel qu'il se plaît à le dire, ne s'est certainement pas déplacé pour plaisanter. Sa tactique, déconcertante, a visiblement déjà fait ses preuves : roues, saltos, flips dans tous les sens, la formation de gymnastique au sol trouve enfin une application martiale. Un adversaire pas habitué pourrait s'y laisser surprendre. Ca ne sert pas à grand chose, mais ça peut surprendre. Et la drague en devient nettement plus efficace. Rhona Mitra, Miss 90D (Lara Croft, pardon) il y a de ça quelques années, s'investit toute poitrine au vent dans la jeune fille sceptique qui ne pourra pas résister à la chevelure grisonnante de messire Beowulf et à ses capacités rythmiques et sportives. Inutile alors de vous spoiler le film en précisant qu'ils ne seront pas beaucoup à survivre et que le hasard fait vraiment bien les choses. Clair, pourquoi s'embarrasser de l'amoureux éconduit, le guerrier grande-bouche qui ne peut que pleurer sur son nom à coucher dehors (Roland) ? Ou de l'apprenti maître d'arme, probablement apprenti-acteur également ? Saluons tout de même l'exploit des auteurs qui parviennent haut l'épée à atteindre une durée potable de 1h30 avec une ligne : « Un monstre est dans un château. Beowulf arrive et le tape. ».

Un franc moment de rigolade pour l'un des nanars les plus mémorables de tous les temps. Beowulf est un concept, la preuve inattaquable de la déchéance de Christophe Lambert et la consécration « réplique culte » de son rire inimitable (offert en apothéose du film, dans les dernières dialogues). A conserver précieusement.