8th Wonderland : le pays des Bisounours

/ Article - écrit par riffhifi, le 03/11/2011

Tags : bisounours film calinours pays care bears merveilles

OFNI sorti fugitivement en salles l’an dernier, 8th Wonderland est un mélange d’utopisme et de cynisme, d’originalité et de candeur. Une expérience mondiale qui vit sur le pouls d’internet.

Tourné en 2008, sorti très discrètement au cinéma en mai 2010, 8th Wonderland vient de sortir en DVD chez Emylia, un éditeur qui défend décidément une ligne éditoriale cohérente : les films de genre qui passent sous le radar, quelle que soit leur qualité (il y a de bonnes surprises et de gros ratages) ou leur nationalité (voir L’île d’Olivier Boillot, et Echap, un film d’horreur français).

Les réalisateurs Nicolas Alberny et Jean Mach, après quelques 17577-8th-wonderland-pays-bisounours-2.j
Un air de famille
courts métrages en solo (et un long pour le second : Par l’odeur alléché en 2004), ont uni leurs forces sur un projet original, sorte d’utopie géopolitique basée sur les possibilités d’internet. Le concept : 8th Wonderland est une communauté façon Facebook, dont l’accès est hautement sécurisé et dont les membres se considèrent comme les habitants d’un même pays. Animés par une même volonté d’ « améliorer les choses », ils décident de se livrer à une série de missions commando…

Si le principe peut évoquer le Fight Club de David Fincher (il y est d’ailleurs fait référence par le biais d’un clin d’œil), le traitement s’avère radicalement différent. Vautrés derrière leurs écrans d’ordinateurs, chattant en vidéo sans se soucier de préserver leur anonymat, les habitants de 8th Wonderland ne sont pas près à se prendre dans le nez les coups de la bande de Brad Pitt. On remarque pourtant que leur logo renvoie directement à celui des l’armée des 12 singes, un groupuscule dont le meneur était interprété par… Brad Pitt !

Lovés dans une sécurité inexplicable (ils sont apparemment des centaines de milliers de membres, dialoguent à haute voix dans des lieux publics… mais les autorités des sept continents échouent à rentrer dans le site !!), les membres s’enfoncent petit à petit dans les excès auxquels peut mener la griserie du succès. On déplore la naïveté des sujets choisis : les scénaristes-réalisateurs expliquent qu’il leur a fallu trois mois de recherches pour lister les différents problèmes à résoudre dans le monde… qui se résument au Sida, aux licenciements abusifs et aux dirigeants corrompus. Le scénario possède donc un fort goût de discussion de café du commerce, avec des problèmes simples résolus de façon simple, par une communauté de gens qui semblent s’accorder miraculeusement au lieu de se foutre sur la gueule, et ce malgré l’absence de toute entité dirigeante (même pas de modérateur, que dalle). Si une telle osmose n’a jamais été possible entre membres d’un même pays géographique, on est en droit de se demander comment elle le serait sur Internet, entre des gens aux cultures et à l’environnement aussi différents.

Malgré ses incohérences et sa candeur, 8th Wonderland reste une initiative sympathique, au traitement déroutant. Pas de personnages principaux, une multitude de langues qui cohabitent gaiement (fuyez comme la peste la version française, qui oblitère complètement cet aspect), quelques guests qui apportent leur soutien rapide au projet (Nikos Aliagas, Julien Lepers), une volonté de bousculer le spectateur (quitte à ce que l’humour noir tombe un peu à côté de la plaque) : il y a du grain à moudre dans cette curiosité, en attendant un 9th Wonderland d’ores et déjà en cuisson.

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