3h10 pour Yuma - 2007
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 26/03/2008 (Tags : pour yuma film wade evans mangold james
Un remake fidèle saupoudré de quelques nouveaux personnages. Le face-à-face entre Russell Crowe et Christian Bale reste la principale attraction du métrage.
Le remake d'un mini-classique du western par James Mangold, le réalisateur de Identity, Copland et Walk the line, avec deux têtes d'affiches comme Russell Crowe et Christian Bale, ne laissait pas d'intriguer. Comment, en plein dans les années 2000, Mangold allait-il raconter cette histoire presque intimiste sans verser dans l'excès d'action qu'on attend désormais des gros films hollywoodiens ? Curieusement, le principal reproche qu'on peut formuler à l'encontre de cette nouvelle version est en fait... sa fidélité !
Pour commencer, on vous sort le même résumé, à la ligne près : Ben Wade (Russell Crowe) est à la tête d'une bande de hors-la-loi sans scrupules ; Dan Evans (Christian Bale) est un père de famille dont le principal souci est de sauver sa famille de la ruine causée par la sécheresse. Le deuxième est loin de se douter qu'il va devoir escorter le premier jusqu'au train de 3h10 pour Yuma, où la justice est supposée prendre en charge le bandit. Atteindront-ils seulement ce train, malgré la présence des complices de Wade bien décidés à le faire évader ?...
Crowe-boyDe ce synopsis, Delmer Daves tirait 92 minutes de film. James Mangold, lui, y trouve plus de deux heures à filmer. Atteint du syndrome Peter Jackson (pas celui qui consiste à maigrir quand on devient célèbre, celui qui consiste à rajouter de la confiture sur une tartine déjà prête), il reprend le film d'origine à la virgule près, longues scènes de dialogues comprises, et y développe quelques personnages et péripéties gratuites (pour la plupart) histoire de rallonger la sauce. Ainsi, le chasseur de primes joué par Peter Fonda ne sert qu'à montrer l'acteur chausser les éperons dans lesquels on avait l'habitude de voir son père, et l'épisode des Apaches aurait pu facilement être évité. On admettra pourtant que le personnage de Charlie Prince, interprété dans l'original par Richard Jaeckel et repris ici par Ben Foster, ne manque pas d'un certain panache dans son costume serré qu'il porte avec dandysme ; dans cette nouvelle interprétation, on subodore d'ailleurs une attirance quasiment (voire carrément) sexuelle de Charlie pour son maître Ben Wade, qu'il n'abandonnerait pour rien au monde.
Mais finalement, les deux seuls acteurs qui comptent à l'écran sont Crowe et Bale. Chacun est impérial dans son registre, et les deux hommes représentent
Bale de fusilparfaitement (bien que parfois trop lourdement, la faute aux dialogues) les deux faces d'une même personnalité. Russell Crowe s'avère un choix très judicieux pour remplacer Glenn Ford : charmeur et rassurant, il est associé comme lui à un catalogue de rôles positifs, qui font de son Ben Wade un paradoxe ambulant. Christian Bale de son côté, lutte pour affirmer son personnage, qui a naturellement tendance à rester dans l'ombre de son charismatique antagoniste. Mais il y parvient efficacement, à l'aide de son regard sombre et volontaire.
Comme dans l'original, le sujet est typique du genre : la sauvagerie doit faire place à la civilisation. Malgré un final sensiblement différent, le thème est le même. Un peu d'action supplémentaire, un casting plus connu des jeunes générations, une réalisation efficace mais sans esbroufe, un format couleur plus engageant que le noir et blanc... Le résultat se regarde avec plaisir, mais sent trop la copie de bon élève. James Mangold aurait peut-être mieux fait de s'attaquer à un western tout neuf plutôt que de refaire Yuma. Il a un train de retard.