7.5/102 days in Paris

/ Critique - écrit par riffhifi, le 23/07/2007
Notre verdict : 7.5/10 - Deux journées en enfer (Fiche technique)

Tags : paris film delpy julie days comedie marion

Deux journées en enfer

Julie Delpy, 38 ans, est actrice et française. Mais elle vit et joue aux Etats-Unis depuis plusieurs années (on a pu la voir entre autres dans plusieurs épisodes de la série Urgences). Pour son deuxième long métrage en tant que réalisatrice, quoi de mieux qu'un film sur le choc des cultures, sujet bateau mais extrêmement riche ?

Marion (Julie Delpy), 35 ans, est photographe et française. Mais elle vit et travaille aux Etats-Unis depuis plusieurs années. A la suite d'un voyage en Italie avec son namoureux américain Jack (Adam Goldberg), les deux tourtereaux passent deux jours à Paris : c'est l'occasion pour Marion de retrouver famille et amis, et pour Jack de sombrer dans la psychose paranoïaque plus ou moins justifiée.

Julie Delpy connaît son sujet : les antagonismes de la France et l'Amérique ne sont un secret pour personne, mais le risque de ce genre de film est de mener une charge effrontée contre l'un ou l'autre pays. L'actrice/réalisatrice a le bon goût d'éviter cet écueil, et de loger les deux camps à la même enseigne : les français sont râleurs, sales, vulgaires et parlent de sexe sans arrêt, l'américain est hypocondriaque, parano et ne parle pas un mot de français après avoir vécu deux ans avec Marion. Le rôle de Jack doit d'ailleurs beaucoup à son interprète Adam Goldberg, trop souvent relégué au rang de second couteau malgré son talent comique : pince-sans-rire aux sourcils froncés, il a cette capacité assez rare qui consiste à provoquer le rire par de micro-réactions aux évènements qui l'entourent (cet art que maîtrisent à la perfection Jean Rochefort et Bill Murray).

L'atout majeur du film ne réside pas dans son intrigue, malgré une construction sans défaut et quelques vérités générales disséminées dans les dialogues. On peut même trouver que certaines scènes frisent le simplisme et la démagogie (le racisme et la pédophilie, c'est mal, qui l'eut cru ?). Mais on s'en tamponne, parce que de la première à la (quasiment) dernière minute, c'est drôle. Très drôle, sans tartes à la crème ni peau de banane, juste par la grâce de personnages et de situations savoureux : voir la scène du déjeuner dans la famille de Marion, où le père (Albert Delpy, le propre père de Julie, vu entre autres dans Ridicule et Mille millièmes) soumets Jack à un quiz culturel pendant que la mère (Marie Pillet, la vraie mère de Julie Delpy) assène « Avec la gueule qu'il a, heureusement qu'il ne mord pas ! ». Difficile de ne pas reconnaître des gens de sa propre connaissance dans les personnages croisés, du plus poseur au plus con. Difficile aussi de ne pas se prendre de sympathie pour le couple vedette, trentenaires libérés mais pas trop, heureux mais torturés, amoureux mais pas trop mais amoureux...

Filmé en HD caméra à l'épaule dans un Paris printano-estival (20 et 21 juin) qui se prête sans rechigner au marivaudage et aux études de caractères, 2 days in Paris est sans doute le meilleur film français du mois. Ou le meilleur film américain ?