7/1013 Tzameti

/ Critique - écrit par Aen, le 06/02/2006
Notre verdict : 7/10 - Plus dur que les 13 desserts... (Fiche technique)

Tags : film babluani tzameti gela sebastien realisateur france

13 Tzameti est le premier long-métrage au nom imprononçable du jeune réalisateur Gela Babluani, d'origine Géorgienne, fils du réalisateur Temur Babluani (qui a gagné l'Ours d'Argent à Berlin en 1993 pour son film Le soleil des veilleurs). Un film 100% français qui peut se targuer d'avoir reçu le Lion du Futur - Prix de la meilleure première oeuvre - à la Mostra de Venise en 2005 et qui vient de recevoir le Grand Prix du jury du meilleur film de fiction étranger au Festival de Sundance en 2006.

L'histoire de 13 Tzameti est celle d'un jeune homme d'origine Géorgienne lui aussi, Sébastien, qui répare un toit d'une maison en bord de mer. Cette demeure appartient à un homme louche, qui attend une convocation qui devrait lui permettre d'obtenir une belle somme d'argent. Malheureusement pour lui, il meurt d'une overdose et le jeune homme décide de prendre sa place pour toucher le pactole. S'ensuit alors pour lui un jeu de piste qui le mènera dans un univers des plus glauques, dans un jeu infernal où les hommes parient sur la vie d'autres hommes.

Auréolé par les prix qu'il a obtenus, 13 Tzameti se montre dans sa première partie assez décevant : la réalisation n'offre pas de plans incroyables, la situation est assez confuse, l'excellente musique de East, membre des Troublemakers, est mal utilisée, tentant de provoquer une artificielle situation d'étrangeté dans des séquences qui n'ont rien de mystérieuses. Entièrement tourné en noir et blanc, le film a un rendu proche des films amateurs, avec des dialogues qui sonnent parfois faux. Bref, on sent que l'objectif est de plonger artificiellement le spectateur dans l'atmosphère du thriller alors que les situations n'apportent que de l'incompréhension...

Jusqu'à la mort du propriétaire de la maison et le départ de Sébastien pour ce mystérieux travail. Enfin, le film révèle ce qu'il a dans le ventre : on suit le jeu de piste avec un début de crainte, baladé comme le héros de lieu en lieu. Les acteurs changent, les sales gueules se dévoilent, et, si on ne comprend pas plus de quoi il s'agit, on se sent réellement plongés dans cette fuite en avant. Le choix de suivre les événements avec une caméra sans s'encombrer d'effets inutiles prend tout son sens et la bande-son s'apprécie à sa juste valeur.

Si on a été cueilli par ce jeu de pistes, la suite n'en est que plus savoureuse. On s'immerge dans le huis clos principal avec un malaise qui fait plaisir à ressentir. Difficile ici de ne pas déflorer le sujet, mais sachez qu'on pense indéniablement à Fight Club version non hollywoodienne, plus cru, brutal, dénué de discours idéologique. Les multiples seconds rôles qu'on côtoie alors en imposent sévèrement et la terreur sourde vient se loger dans notre corps pour ne plus nous quitter. On n'en dira pas plus si ce n'est qu'on subit impuissant la torture psychique à laquelle est soumis Sébastien pour ne s'en trouver libéré que bien après la projection. Seul regret, l'épilogue du film, qui rajoute à l'horreur un aspect dramatique et vide d'espoir. Heureusement assez court, il aurait pu l'être encore plus.

Suffocant, 13 Tzameti ne ravira pas les fanatiques de cinéma léché par son parti pris minimaliste mais il comblera ceux qui aiment avoir des sensations fortes et teintées de réalisme. Son côté dérangeant le classera dans les films qu'il ne faut pas hésiter à voir seul, sous peine de n'avoir pas grand-chose à raconter à son interlocuteur après la séance. Après ce début plutôt prometteur, on pensera à se rencarder sur les prochains films de Gela Babluani et on se dépêchera de se procurer la bande originale du film, encore une fois sublime.