Les 11 Commandements
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 04/02/2004 (Comme des Connards
"7 arrestations, 2 procès, une interdiction préfectorale, une quinzaine de contrôles de police, un tympan perforé, un nez cassé, 2 côtes cassées, 17 points de suture, 2 entorses, 2 épanchements de synovie, une allergie cutanée à l'eau de la Seine, 3 évanouissements et une quinzaine de vomis. Sans compter les 400 000 euros environ versés en dommages et intérêts." (Source : Allociné.com). Cela se passe d'introduction.
Le Dieu de la Blague (Dieudonné) convie Michael et ses potes dans sa demeure, pour les investir d'une mission divine : redonner au monde le sourire, et remettre les peuples sur le droit chemin de la rigolade, par le biais de onze commandements. Ni une, ni deux, les six copains redescendent sur terre et mettent à exécution le saint humour. A commencer par "subir" les tirs du footballeur Djibril Cissé...
Il me semble avoir lu quelque part, seul Dieu sait où, que le film de Michael Youn ne pouvait en aucun cas être qualifié de « Jackass à la française », pour la bonne et simple raison que l'homologue américain faisait l'apologie de la douleur tandis que son cousin français était un film « pour se marrer ». Force m'est d'avouer que ce génie anonyme, qu'il se fasse connaître, avait bel et bien raison : Youn et son équipe ne font pas (ou plutôt peu) rigoler par la quantité de contusions et autres fractures qu'ils subissent, mais plutôt par le culot et surtout (surtout surtout surtout) par l'extrême stupidité de leurs prétendus "commandements de l'humour". Je clarifie : les Jackassiens donnent dans le scato et l'auto-flagellation, et les Youniens louent une chambre d'hôtel luxueuse pour y installer une basse-cour. Rien ne vous était caché : Les 11 Commandements sera un bout à bout de "sketchs" diverses certifiés "fait dans la vie réelle, sans trucage" qui n'auront certainement pas à rougir des frasques du Morning Live. Youn va loin, parfois même très loin. Jusqu'à louer une maison pour la transformer en piscine géante (à l'insu du plein gré de son propriétaire), batailler la bouteille de ketchup à la main contre les vigiles d'une superette, ou encore entonner et danser un morceau de Country sur les tables d'une bibliothèque (qui est tout sauf minuscule). On atteint très souvent les limites de la bêtise humaine, ramené à se demander comment quelqu'un a pu autoriser une "projection cinématographique" à ce produit, certes drôle, mais qui ressemble nettement plus à une émission de télé (câblée) qu'à du cinéma proprement dit.
Ne croyez cependant pas que le film ne se résume qu'aux fameux onze commandements, puisque toute l'équipe nous fait l'honneur d'encadrer les saintes paroles de la blague de caméras cachées et de délires ponctuels, plus ou moins longs, plus ou moins intéressants. Cela va du concours d'arrestation (celui se prenant la plus longue garde à vue et la plus lourde amende étant le vainqueur), à l'ingestion d'un piment entier, en passant par la joute sur escaliers d'embarquement. Le film se clôt sur une sorte de clip dédié à la chanson « Comme des Connards », à faire froid dans le dos à n'importe quel propriétaire de voiture, qui laisse elle aussi relativement perplexe : ode, ou dénonciation de la bêtise ?
Un sacré paquet de scènes reliées par un « scénario » à laisser sous silence, qui n'ont vraiment rien à envier aux Jackasseries américaines. En occultant le fait que la possibilité qu'ils aient réalisé tout cela en réel soit vérifiée, la bande à Youn parvient de nombreuses fois à arracher le sourire par l'incommensurabilité de sa bêtise, au moins autant de fois qu'elle consterne par cette même bêtise. Je laisse les Connards conclure : « C'est notre vraie nature, c'est d'avoir quatorze ans, c'est d'conduire une voiture, sans toucher au volant, c'est d'aller droit dans le mur, mais d'y aller en se marrant. » Cela se passe de commentaires.