2/1010 000

/ Critique - écrit par knackimax, le 16/03/2008
Notre verdict : 2/10 - Enterré 10000 lieues sous terre (Fiche technique)

Tags : plan film pdf format jeunes services apprentissage

Un homme préhistorique avec des dreadlocks et un Alien venu construire des pyramides en Egypte s'affrontent sans se connaître dans une fresque épique sur la naissance de l'homme derrière ses cheveux sales... enfin presque.

D'Leh est un jeune chasseur d'une tribu primitive d'homo sapiens dont le nom a été perdu dans le temps et que la mémoire ne permet plus de se rappeler, même 48 h après avoir vu le film. Cette tribu chasse le mammouth, qui a certes un autre nom dans l'histoire, mais je me permets de l'appeler ainsi pour éviter d'insulter l'intelligence des lecteurs qui pourraient être trompés à croire que les animaux qui se ressemblent ne s'écrivent pas pareils. Une prophétie naît dans ce contexte et promet un grand avenir aux hommes à l'occasion de la dernière chasse (comprendre dans 20 ans). Elle annonce également une période d'apogée après de nombreuses souffrances pour ce peuple qui se promène dans les montagnes sans la moindre semelle ou chaussure. A l'époque de ces paroles mystiques, D'leh n'est qu'un enfant et pense être le héros de son peuple lorsque le temps sera venu. Cela lui permettrait de prendre pour épouse cette jeune fille aux yeux bleus dont l'arrivée au village annonce le début de la prophétie, et les premiers regards amoureux d'une idylle naissant entre les deux jeunes gens. Un saut en avant et nous voilà en présence de jeunes hommes et femmes face à un destin qui touche à son but alors que l'existence de leur population est en voie d'extinction. Les démons à quatre pattes (des chevaux) arrivent alors et emmènent Evolet, la promise de notre jeune guerrier. Le voyage à sa poursuite changera la face de leur monde.

Attention spoiler : cette histoire se passe en 10 000 avant que Jésus crie.

Il est donc de bon ton de supposer qu'on nous y évoquera une période ne connaissant que légendes et croyances archaïques saupoudrées de mythes oubliés au milieu d'une guerre du feu intense en effets spéciaux. Après avoir vu une bande-annonce si alléchante, on a même l'impression que ce cocktail sera agrémenté de T-rex et autres bestioles appartenant au bestiaire fantasmagorique que le cinéma nous permet aujourd'hui d'appréhender avec de belles couleurs chaudes et vives. Rassurez-vous... ou pas, rien de tout cela n'est visible dans cette fresque tenant plus du cultissime (car très mauvais) Godzilla que du palpitant Stargate, ces deux films à l'opposé de la chaîne alimentaire cinématographique mais ayant en commun le réalisateur de 10 000 B.C.

Le problème est donc posé. Si on peut dire que Roland Emmerich sait filmer sans pour autant oser avouer qu'il est un bon réalisateur car il est capable du pire comme du bon, on ne peut vraiment pas dire que son dernier film soit une réussite. On pourrait évoquer le manque cruel de rythme pour un film d'aventure. On pourrait se délecter à énoncer une à une les problématiques d'une accumulation de clichés dont certains lui appartiennent déjà : le retour des aliens dans leur pyramide par exemple ou encore les T-rex transformés en autruches géantes pour éviter le plagiat. On pourrait aussi parler en détail du très mauvais travail graphique sur certaines bestioles ou du camouflage de l'absence de forme de certains monstres par une caméra hyper rapide et floue. On va vous confirmer par contre que le cinéaste de blockbusters en série (deuxième du nom bien sûr car Michael Bay le précède) a fait un film bien peu convaincant sans en énumérer les fautes de goût ou de style car elles sont trop nombreuses.

Permettons-nous de préciser un point particulièrement oppressant du film qu'est cette absence d'écriture. Nous ne parlons pas ici de l'écriture du scénario. Il y a effectivement peu de chance que celui-ci ait été improvisé sur le toit du monde où a été tourné le film et qui est d'ailleurs un très joli endroit rajoutant un peu de poésie qui manque cruellement à ce film. Non, il s'agit ici d'un problème plus grave. Entre patchwork de bonnes et de mauvaises idées repiquées et surfaites, on nous impose une histoire d'amour assez minable et des gadgets dans tous les sens pour justifier une histoire qui ne peut permettre au spectateur que d'être un gros mou passif. A aucun moment l'intrigue ne titille. Son accompagnement musical est tout juste abyssal et ne s'entends même plus au bout de 10 minutes d'attention forcée. L'un dans l'autre, même si le spectacle est joli pour ses paysages, on a l'impression qu'on se moque de nous et que le cinéma est un terrain de jeux et de tests pour RH. Les différents éléments d'un bon film pourraient être là mais on obtiendrait Stargate II sans la porte des étoiles.

Ce qui est sûr en tout cas, c'est que Monsieur Emmerich aime le sable et la neige, qu'il filme avec tendresse et béatitude. Il faut donc en déduire qu'il serait un excellent réalisateur de documentaires avec une place de choix dans le top 5 du National Geographic catégorie Ethno. Merci de rappeler un jour à Hollywood que les films qu'on nous impose alors qu'ils ne sont que des prétextes à la production ennuient de plus en plus le public, et que même si un public est clairement visé, il ne coûte pas grand-chose de passer un peu plus de temps sur le fond. En l'occurrence pour cet exemple, ils auraient pu également retravailler la forme.

Nous ne pouvons pas en vouloir non plus aux acteurs qui font un travail plus que correct quand on voit la teneur des dialogues et les plaisanteries mal placées qui s'y cachent. Après tout ce n'est pas de leur faute si la tribu des rastas n'a pas le charisme escompté à l'écriture et fait plutôt penser à la tribu des cheveux sales dans RRRRRR. Ce n'est pas non plus de leur faute s'ils passent malgré eux quasiment au second plan d'une histoire de légende racontée en voix off et qui casse le rythme des scènes en faisant une histoire mal racontée plus qu'un film d'aventure.

Merci à l'avenir de s'abstenir de nous raconter une fausse histoire du monde et des hommes sans les éléments de sa conquête théorique : le rêve par exemple.